Comité Écologique Ariégeois

Association départementale agréée de protection de l'environnement en Ariège

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mercredi 31 janvier 2018

La brebis, l’ours et la biodiversité : Tous gagnants !

Certains prétendent que la présence de l’Ours menacerait la biodiversité de la montagne. Ils ont tout faux… ou presque !
Seul un gardiennage serré et constant par un bon berger connaisseur de la flore, permet aux troupeaux de brebis d’avoir un rôle de maintien de la biodiversité sans la détruire et en plus, de mieux s’alimenter.
Quelques recherches et l’observation de la montagne nous révèlent cela. Voyons ça de plus près !

Quelques extraits de la Dépêche du Midi relayant les points de vue des éleveurs :


Nous avons trouvé, surtout en langue allemande, mais aussi en France de nombreuses études scientifiques sur ce sujet. Sans ambiguïté elles mettent en lumière les risques de destruction de la biodiversité végétale par le pacage ovin incontrôlé.

L’ours menacerait-il la biodiversité de la montagne, seulement entretenue grâce au pacage des montagnes par les brebis ? Seul le pastoralisme serait capable d’en assurer la pérennité ?

Cette thèse, bruyamment défendue par le monde agricole et reprise sans la moindre hésitation par un grand nombre d’acteurs socio-politiques et médiatiques, s’avère en grande partie fausse après une étude approfondie des articles scientifiques disponibles, que ce soit en France, Allemagne, Autriche ou Suisse. (voir quelques références non exhaustives en fin de l’article)

Comme toujours en pareil cas, rien n’est simple :

- D’abord il ne faut pas mélanger les zones altitudinales :

En bas nous avons la zone de basse montagne autour des hameaux et villages avec les prés anciennement fauchés et les champs cultivés qui retournent par ronces et fougères, par noisetiers et frênes interposés, vers leur type de végétation normale qui est la forêt de Chênes et de Hêtres. L’ours n’y est pour rien ! La déprise agricole, le morcellement parcellaire et la difficulté de mécaniser les travaux à cause des pentes est responsable de la fermeture du milieu.

Plus haut nous trouvons les forêts diverses, plantées de résineux ou hêtraies-sapinières, souvent massacrées par des incendies plus ou moins volontaires. Forêts dont la limite supérieure a été abaissée par l’homme dans le passé pour gagner des pâturages. Cette zone supérieure correspond en gros aux espaces colonisés par les Rhododendrons et Bruyères. Les conditions y étant dures pour les arbres, elle ne tend que très lentement (plusieurs siècles) à redevenir une forêt peu dense. C’est la zone où les pâturages sont le plus riche mais c’est aussi la zone de prédilection de l’Ours.

Au-dessus c’est la « haute-montagne ». La période de végétation y est très courte. Une végétation spécialisée, riche en espèces rares, endémiques et souvent protégées forme des gazons lâches, entrecoupés de surfaces minérales. Cette zone est particulièrement fragile et peu productive.

Ce sont donc surtout ces zones au dessus de la limite supérieure de la forêt qui vont nous intéresser.

- En estive, qui mange quoi ? Avec quelles conséquences ?

Les chevaux, présents plutôt sur le bas des estives dans les zones peu pentues, sont capables de brouter très ras. Mais étant peu sélectifs ils ne réduisent pas excessivement la biodiversité. Il peuvent même favoriser des plantes de petite taille qui demandent de la lumière au ras du sol.
Les bovins, n’ayant des dents (les incisives) que sur la mâchoire inférieure comme tous les ruminants, attrapent leur nourriture par brassées avec la langue sans pouvoir beaucoup sélectionner les plantes. Ils n’arrivent pas à brouter au ras du sol. Ils conservent assez bien la biodiversité mais leur poids peut provoquer des problèmes de destruction sur des sols raides, mous et gorgés d’eau. Comme les équins ils occupent plutôt les partie basses des estives. Avec leur double sabot fourchu ils lacèrent et couchent les tiges des Fougères aigle bien plus que les autres animaux qui estivent.
Las caprins, friands de plantes ligneuses, sont utiles pour réguler la fermeture des milieux, mais s’avèrent redoutables pour la régénération des forêts. Dans les Pyrénées à l’époque et dans les Alpes actuellement il est même préconisé de mélanger quelques chèvres au troupeaux de brebis pour limiter la fermeture de certains milieux. Ceci uniquement dans des troupeaux sous gardiennage strict.
Les ovins par contre, avec leur museau pointu et leurs petites dents serrées, sont capables de brouter très ras en sélectionnant précisément une feuille, une rosette d’une plante qu’elles adorent en délaissant les autre plantes. En très peu de temps, quelques années, elles sont capable de réduire la diversité floristique de plus de cent espèces à 4 à 5 espèces coriaces et immangeables présentes sur quelque dizaines de m².

Extrait de : Hans-Jörg Blankenhorn, Chef de la section chasse et étude du gibier, Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage. Magazine Environnement - Mars 1999 - Suisse

«  Le mouton tond les plantes qu’il apprécie jusqu’à la base, contrairement au bovin, qui n’en mange que la partie supérieure, ménageant ainsi les pâtures. Certaines plantes – comme les orchidées – supportent particulièrement mal ce pacage. Quand les ovins remplacent les bovins, les alpages s’appauvrissent en quelques années ».

Ci-dessous une photo de Gérac du 3 août 2017, 1800m, zone sur-pâturée par du bétail non-gardé. Au premier plan des bruyères, des graminées refusées, au fond à gauche des traces d’érosion. Le sous sol est formé de schistes gréseux avec quelques banc calcaires, dont un au centre de l’image provoque la « perte » du ruisseau de Gérac.

Photo du 23 juillet 2014 à l’entrée de la vallée de Turguilla, 1830m. Le pacage ovin a été presque complètement abandonné depuis 1989 après la destruction par minage de l’épaule sud du Pic de Séron qui a rendu l’accès très difficile, voir impossible pour le bétail. La distance en vol d’oiseaux entre les deux photos est de 650m.
Le sous-sol est est formé de granites du Bassies. L’exposition sud-ouest est la même pour les deux photos. Quelques petits suintements d’eau proviennent de la falaise en arrière plan.

La différence entre une zone pacagée sans gardiennage et une zone sans pacage (ou presque) saute aux yeux. Il n’y a pas photo, comme on dit…… 

« Une piste de ski à Vars, dans le mélézin, c’est encore 125 espèces observées en deux heures. Un pâturage surpâturé de l’Ubayette (Montagnette ou bas de l’Oronaye), c’est moins de 5 especes sur 4m2 en 2000 ».

L’article de Michèle EVIN

Cité de : Les effets du surpâturage dans les Alpes du Sud : impacts sur la biodiversité et la torrentialité, par Michèle EVIN, page 14 à 17.
Ci contre en pdf l’article de Michèle EVIN

Pour citer encore Hans-Jörg Blankenhorn :

« Hélas, les moutons préfèrent précisément les zones les plus sensibles. Irrésistiblement attirés vers le haut, ils manifestent leur prédilection pour les crêtes et les gazons escarpés, entrecoupés d’arêtes rocheuses. Les zones où la végétation subsiste difficilement entre les formations rocheuses sont donc souvent fortement sur-pâturées. Or, ces pentes sont particulièrement menacées par l’érosion. De plus, elles comptent parmi les emplacements préférés des chamois. Et pendant ce temps, l’herbe reste inutilisée en contrebas, sur des prairies où un pacage aurait des effets positifs.
Selon la plupart des auteurs, il faudrait en principe conduire les moutons de manière soigneuse, précise et systématique peut-on lire dans la conclusion d’une étude effectuée au début des années 90 pour le compte de l’Académie bavaroise pour la protection de la nature et du paysage. L’analyse portait sur une centaine d’études traitant de l’influence du pacage sur les paysages de montagne. A l’époque, personne ne parlait encore du loup. Aujourd’hui, un meilleur encadrement des moutons devient nécessaire en prévision d’une cohabitation durable avec ce prédateur, dont le retour met en lumière les problèmes écologiques non résolus liés à cet élevage
 ».

Nous avons pu prendre connaissance de l’étude citée ci-dessus (en allemand).
Auswirkungen von anthropogenen Nutzungen im Bergland - Zum Einfluß der Schafbeweidung (Literaturauswertung)
Evelin Köstler und Bärbel Krogoll 1991, Bayerische Akademie für Naturschutz und Landschaftspflege

Par exemple :

23.4 Behirtung
Grundsätzlich ist nach Aussage der meisten Auto­ren eine gute, straffe, sorgfältige und systemati­sche Weideführung, d.h. eine gezielte Beweidung, erforderlich, um die negativen Auswirkungen von Tritt, Verbiß und Dung zu vermeiden. Ständiges Behirten einer Schafherde im Hochgebirge muß als eine der wichtigsten Voraussetzungen für die pflegliche Behandlung einer alpinen Weidefläche gewertet werden (RÖSCH, 1984).

Traduction :
23.4 Pastoralisme 
D’après la plupart des auteurs la nécessité d’appliquer un bon gardiennage strict, soigneux et systématique est fondamentale. C’est à dire qu’il est indispensable d’assurer un pacage précis pour éviter les conséquences négatives provoqués par le piétinement, le broutage et la fumure. Le gardiennage permanent doit être vu comme la condition principale de l’entretien soigné d’une surface d’estive alpine.

Ou encore :

« 4.2.1 Weidewirtschaft
Oft sind die Vegetationsveränderungen auf den Alpen (Almen) auch von einschneidender Bedeu­ tung für den Weideertrag und damit die Wirt­ schaftlichkeit (HUBER, 1951). In den „Kampfge­bieten der Vegetation“ wird die Schafweide zur speziellen Bedrohung der pflanzlichen Produk­tion (OBERDÖRFER, 1951).
Laut OBERDÖRFER (1951) gibt es sogar einige Analogien zwischen der alpinen und der mediter­ranen Schafweide. Mit einer gewissen tragischen Zwangsläufigkeit ergibt sich nämlich, daß gerade Räume, die am empfindlichsten auf Eingriffe aller Art reagieren, am stärksten von der Gefährdung durch die Schafweide betroffen sind. Schafe wer­ den dort eingesetzt, wo die Hänge für das Groß­vieh zu steil sind und die Vegetation zu mager ist. Das klettergewandte Kleinvieh nützt hier nicht nur die letzten Möglichkeiten des Nahrungserwerbs, sondern vernichtet sie ».

Traduction ;
4.2.1 Gestion des pacages (Pastoralisme)
Souvent les modifications de la végétation sur les estives s’avèrent d’une importance décisive sur la richesse fourragère et donc aussi sur la productivité économique. (HUBER 1951). dans les zones où la végétation doit lutter pour survivre, le pacage par des ovins devient une menace particulière pour la production végétale (OBERDÖRFER 1951).
Selon (OBERDÖRFER, 1951) il existerait des analogies entre les pacages par des ovins en zone alpine et en zone méditerranéenne. Avec une inévitabilité tragique il s’avère que justement des zones qui réagissent avec la plus grande sensibilité aux diverses modifications sont aussi celles qui sont le plus concernées par la menace du pacage ovin. Les ovins sont utilisés là où les pentes sont trop raides pour le gros bétail et où la végétation est trop maigre. Les petits ruminants, agiles en terrain escarpé, exploitent non seulement toutes les ressources, mais ils les détruisent.

On va arrêter là, il y en a 33 pages en ce sens, écrit petit.

Même la Fédération Pastorale de l’Ariège semble être de notre avis (une fois n’est pas coutume) :
http://www.pastoralisme09.fr/pastoralisme-et-biodiversite

« Concentration » des animaux sur certains secteurs : la moins bonne adéquation entre le pâturage et les ressources disponibles sur l’estive entraîne des phénomènes de surpâturage sur les meilleurs secteurs au détriment de zones moins attractives qui se ferment.
Ce phénomène est d’autant plus important quand les estives ne sont pas « gardées ».

La Fédération Pastorale de l’Ariège a mis en place des diagnostics pastoraux sur certaines estives :
le diagnostic pastoral

« Un » Diagnostic Pastoral d’Estive dresse un état des lieux des ressources fourragères disponibles, de leur utilisation actuelle par les troupeaux et des équipements pastoraux.
L’objectif est d’obtenir une bon équilibre entre les besoins des animaux et l’offre fourragère, de manière à assurer le bon état du troupeau tout en maintenant la valeur pastorale des pâturages d’une année sur « l’autre ».

C’est bien clair : la Fédération Pastorale de l’Ariège ne se soucie guère de la biodiversité dans son ensemble. C’est bien le point de vue de l’exploitant agricole, qui, lui, cherche à tirer le maximum des surfaces dont il dispose qui prévaut.
Il est bon de rappeler que les surfaces d’estive sont, pour la plupart, du domaine public ou domanial. Certains l’oublient un peu vite.

Et l’Ours là dedans, que vient-il faire ?

Faut-il rappeler qu’à cause de la présence des ours dans les Pyrénées, des sommes considérables d’argent public ont servi soit en paiements directs, soit pour financer les mesure d’accompagnement ? (Salaires des bergers, réfection des cabanes, héliportages, chiens et autre mesures de protections, indemnisations au moindre doute etc).
Faut-il rappeler que le PNR des Pyrénées Ariégeoises vise dans sa charte la préservation entre autres du patrimoine naturel, dont fait aussi partie l’ours et qu’il est financé par de l’argent public pour le faire ?
Que les sites Natura2000 sont sensés préserver et si possible restaurer la biodiversité et que plusieurs d’entre eux se situent dans des zones fréquentées par l’Ours et en même temps pacagées par des brebis.
Faut-il rappeler aussi que des éleveurs et des bergers ont su se servir de ces aides pour mettre en place les mesures de protection et se sont en même temps protégés d’une grande partie des autre risques de mortalité de brebis en estive (foudre, chutes, maladies, prédations par les chiens divagants) ?

C’est donc bien à cause de l’Ours (et bientôt le Loup) que le gardiennage des brebis est incontournable. Ce sera grâce à ce gardiennage par des bergers formés et rigoureux que la biodiversité sera préservée et augmentée. Les ovins pacageant à leur guise, sans gardiennage strict, sont par contre destructrices de biodiversité.

Pour terminer avec Hans Jörg Blankenhorn de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (Suisse) :

« Des » subventions, oui mais…

L’OFEFP estime que l’élevage du mouton n’est compatible avec la protection de la nature et du paysage – et donc qu’il mérite une aide financière que :
 s’il contribue à la conservation du paysage rural traditionnel, en particulier des prairies ;
 qu’il ne provoque pas de surpâturage ;
 ne réduit pas la diversité végétale sur les alpages ;
 ne concourt pas à l’érosion des sols ;
 n’évince pas les ongulés sauvages de leurs habitats.

Ces exigences ne sont pas compatibles avec les méthodes courantes d’estivage (parcours libre, surveillance minimale). Une meilleure prise en charge des troupeaux et une planification soignée des parcours doivent devenir des conditions impératives pour l’octroi de subventions ».

Liens vers quelques articles :
https://blog.defi-ecologique.com/le-pastoralisme-est-il-bon-pour-la-montagne/
http://bdm.typepad.com/biodiversite/2005/01/mouton_vegetati.html
http://www.buvettedesalpages.be/2008/08/destruction.html
https://www.jfdumas.fr/Non-le-pastoralisme-n-entretient-pas-la-montagne-Il-a-failli-en-faire-un-desert_a386.html

Notre émission radio : Éloge du Patou

Messages

  • Comme le souligne JF Dumas (voir lien ci-dessous), les patous dans les Alpes (et certainement aussi dans les Pyrénées) peuvent être une plaie pour les touristes, promeneurs, etc... Donc, les patous oui, mais sous une surveillance étroite d’un berger.

    Ceux qui s’imaginent qu’il est possible de faire coexister le loup et l’agneau sur un même territoire sont, en partie, à l’origine de ce recours en force à des chiens que l’on ne peut pas dresser mais seulement « éduquer » et qui le sont souvent bien mal. Ces molosses blancs perdent vite leur air débonnaire quand ils courent droit sur le passant, en aboyant férocement, tous crocs dehors. Pauvre passant, randonneur, alpiniste, vététiste ou simple promeneur ! C’est au mieux une belle frayeur, une course interrompue et bien trop fréquemment une morsure parfois légère mais parfois profonde. Il ne fait plus bon se promener sur l’alpe où paissent les brebis, la plupart du temps laissées à elles-mêmes sous la sauvegarde des patous. Certes, le loup complique la vie des bergers et des éleveurs. Mais ceux-ci, en retour, avec leurs patous qu’ils laissent seuls au milieu des troupeaux compliquent aussi la vie de tous les autres utilisateurs de la montagne. Lorsqu’il n’y avait pas de patous, il était possible de randonner, herboriser, guetter la marmotte et se promener tranquillement dans les alpages. Avec ces fauves souvent livrés à eux-mêmes en toute légalité, lorsque toute une famille se promène sur un sentier de montagne large, bien tracé et bien balisé pour aller pique-niquer au bord d’un petit lac, elle est en danger.

    Voir en ligne : Sur les terres hantées par le loup, gare aux patous !

    • D’accord avec ce point de vue : tout animal "humanisé" en montagne, ou ailleurs, devrait rester sous la responsabilité permanente d’un gardien/berger/éleveur. Les vrais loups ne sont pas toujours ceux auxquels on pense. Les patous livrés à eux-mêmes sont de vrais dangers pour les pratiquants de la montagne.
      Il serait irresponsable de laisser un troupeau en estive sous la seule garde d’un ou plusieurs patous.

  • Yarri Baren,
    Il ne faut pas mélanger deux choses qui ne sont qu’indirectement liées. D’accord, je fait le lien indirect aussi, mais c’était pour dénoncer l’affirmation fausse qui prétend que le pacage sans limitation par des ovins préserverait la biodiversité.

    La réalité est que la préservation de la biodiversité exige la présence continue d’un ou plusieurs bergers formés avec des chiens de travail (Border Collie ou autre). Il n’y a là aucune nécessite de chiens de protection. Le pâtou ne protège pas en soi la biodiversité, il protège le troupeau.

    Comme tout chien un peu gros il représente un risque qui ne dépend pas de sa race :
    Le Dr Claude Béata, vétérinaire comportementaliste affirme "La dangerosité d’un chien n’est en aucun cas à corréler à la race à laquelle il appartient mais à sa lignée, sa socialisation, son éducation, ses relations dans le foyer."
    "Les statistiques des morsures en France sont donc loin d’être exhaustives. Selon chiffres publiés par le Centre de Documentation et d’Information de l’Assurance, quelque 500.000 personnes seraient chaque année en France victimes de morsures (parmi celles-ci, 60.000 nécessiteraient une hospitalisation). Ce type d’accident serait en augmentation en période estivale". source http://www.lefigaro.fr/assurance/2012/06/06/05005-20120606ARTFIG00424-morsures-de-chiens-le-flou-des-statistiques.php

    Donc pas de quoi crier au scandale en ne visant que le chien de protection. Il est évident qu’un chien de travail ou de protection doit disposer d’une liberté de mouvement suffisant pour être efficace alors qu’on peut demander au propriétaire d’un animal de compagnie d’en restreindre l’espace de liberté.
    Par contre il est certain qu’un pâtou, comme n’importe quel autre chien, s’il n’est pas soigneusement sélectionné, socialisé et éduqué peut devenir un risque, à la ville comme à la montagne.

    Ceci a été un peu le cas dans les Alpes où, sous l’urgence de l’arrivé du loup, ce travail n’a pas été fait ou pas assez. Contrairement aux Pyrénées où le projet de renforcement de population ursine par des réintroductions a laissé du temps pour une meilleure préparation.
    Je vous renvoie sur l’excellent travail fait depuis longtemps par la "Pastorale Pyrénéenne". Nous avons eu la chance de faire tout récemment une émission sur Radio Transparence avec deux personnes de cette association. Lien vers le Pastorale Pyrénéenne http://www.pastoralepyreneenne.fr/fr/le-patou

    Le lien indirect entre biodiversité et ours est donc bien que la présence d’un prédateur occasionnel, mais emblématique comme l’Ours, comme l’arrivé très probable du Loup, doit inciter les éleveurs/bergers à garder et protéger mieux leurs troupeaux. C’est ce gardiennage strict qui préservera la biodiversité.

    Pour relativiser le danger que représenteraient les chiens de protection la Buvette de Alpages a établi une liste détaillé d’accidents mortels causés par des vaches : 45 morts entre fin 2003 et 2013 ! Souvent des éleveurs, mais pas que. Combien de blessés ?
    http://www.buvettedesalpages.be/liste-des-accidents-avec-des-animaux-d-elevage.html

    Voir en ligne : Alternatives écologiques : éloge du Pâtou

  • Les perdants sont les contribuables qui paient cher le soutien aux éleveurs français qui ne sont pas compétitifs au niveau international.

    Je ne vois pas en quoi le gardiennage des brebis renforce la biodiversité des montagnes. Les moutons sont des animaux non originaires de la région Europe (contrairement aux ours) et leur présence massive localement détruit des espèces (sol souillé, présence de l’homme, bati, patou, bruit, ...).
    La biodiversité ne se défendra que par l’abandon d’un maximum d’activités humaines en montagne.

    • Bonjour nounours09,
      Comment ne pas être d’accord avec votre constat...vous avez intrinsèquement raison. Parquer les troupeaux ne participe en rien à la biodiversité en montagne. Ce n’est qu’une mesure de protection...pour les brebis et les ours.
      Nous regrettons que la montagne ne soit devenue qu’un immense parc d’élevage sans aucune considération pour les autres montagnards qui sont tenus par le monde agricole et l’administration comme quantité négligeable.
      Mais pour autant, on doit être également vigilants sur les pratiques ludiques en montagne qui ne doit pas non plus devenir un vaste parc d’attraction : canyoning, ski partout, trails, quads...là il y a un risque encore plus grand.

      Comme pour tous les milieux naturels, seule la conscience générale des humains pourra veiller sur les équilibres et la biodiversité. Et en attendant, il faudra des lois, des règles, des pénalités, des contraintes... et des gens qui veillent et qui alertent sur les dérives et les excès. Il semble que vous et nous sommes sur la même longueur d’onde et la même volonté de protéger le milieu montagnard.

  • Oui, nous sommes d’accord, je dis bien : diminuer les activités humaines. Les stations de ski, les sports motorisés devraient disparaître.
    Je vais beaucoup plus loin : je pratique la montagne avec bivouacs. De vrais bivouacs, à l’aube, je démonte la tente. Je ne vais jamais en refuge car ils génèrent de la pollution. Bien que très pratiques, les pistes forestières que l’on peut emprunter en voiture devraient être également interdites.
    Bien sur, on limite de ce fait la pratique de la montagne, n’est ce pas le prix à payer ?

    • Bonjour nounours09,
      Le monde sauvage doit être préservé du contact avec les humains au risque de disparaître.
      C’est dans cet esprit d’ailleurs que les parcs naturels se sont créés aux Etats-Unis au 19ème siècle : préservation des équilibres naturels, non intervention .
      Toute la difficulté apparaît lorsqu’il faut définir une frontière entre un cloisonnement strictement étanche et une activité économique et/ou touristique de la montagne plus ou moins discrète.
      Nous avons en projet une émission de radio (radiotransparence) sur : le dérangement de la faune sauvage par les randonneurs, en particulier l’hiver (ski et raquettes de rando en forte croissance). .
      Seriez-vous intéressé pour y participer ?

  • Sujet très intéressant, la pratique de la montagne l’hiver . La plupart des montagnards ignorent la vulnérabilité des animaux dans cette saison. Voir l’isard faire des bonds dans la poudreuse est chouette mais on imagine pas l’effort que produit l’animal.
    C’est gentil de m’inviter à une émission, mais j’habite en Ariège (profonde), je suis pro ours, anti chasse, anti stations, ...
    Et je ne ne tiens nullement à être reconnu. Et je suis loin d’être le seul dans ce cas à manquer de courage et à rester dans l’anonymat.

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