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lundi 2 octobre 2017

Ours et troupeaux

Prédateurs dans les estives, c’est possible sans drames

Ferus apporte des précisions en 12 points

Cet été a vu des dizaines de brebis mourir de dérochement. L’ours, bien sûr, quelquefois à l’origine de ces frayeurs animales incontrôlées, mais aussi chiens errants dont les comportements deviennent semblables à leur ancêtre loup. Ensuite, le déchaînement des passions politiques et syndicales attise les braises de même que les médias de tous bords ou presque.
Et pourtant, pour une brebis attaquée c’est plus d’une centaine qui meurt. L’ours responsable ? Ne serait-ce pas plutôt le mode d’élevage qui se satisfait paresseusement de mettre les bêtes dans la montagne et de repartir s’occuper d’autre chose ailleurs. Mais ce n’est pas ça le pastoralisme. Et FERUS le démontre dans un article très élaboré que tous devraient lire.
Le CEA propose un petit digest pour donner une idée de cet article que vous pourrez lire entièrement en suivant les liens. Les parties manquantes sont remplacées par ....................................................................................

TABLE RONDE (BOYCOTTÉE) SUR LA SAISON D’ESTIVE 2017

FERUS apporte des précisions en 12 points suivies de témoignages d’éleveurs et bergers …

Précisons de façon liminaire que le terme pastoralisme provient du terme "pâtre" qui signifie "berger" et que trop souvent, dans les montagnes françaises et dans les Pyrénées en particulier, on parle de pastoralisme quand en réalité, le berger n’est pas présent tout l’été près du troupeau.
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Ainsi, le système sans berger présent en permanence sur l’estive, encore trop fréquent en Ariège, où l’éleveur monte au troupeau une fois par semaine voire tous les 10 jours, ne peut pas être assimilé à du "pastoralisme" car il est pratiqué… sans pâtre.

Petit tour d’horizon en 12 points, actuels et factuels :

1 - le pastoralisme pyrénéen ovin de montagne, en perdant 18 à 30 000 bêtes par an n’est pas durable et c’est un gouffre financier pour l’argent public (ces 18 à 30 000 bêtes étaient subventionnées...). Aucun pays européen comparable ne perd autant de bêtes, notamment en estive.
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2 - face à cela, les pertes associées à l’ours sur l’ensemble des Pyrénées représentent moins de 1% des bêtes perdues annuellement (moins de 2% pour 2017 à cause d’un unique dérochement accidentel).

3 - le dérochement de cet été 2017 (Mont Rouch) s’est produit sur une estive où le berger ne se trouvait pas près du troupeau la nuit (cabane trop éloignée et en contrebas) et sans aucun chien de protection : les conditions de protection n’étaient pas réunies sur une estive de haute montagne particulièrement périlleuse, très escarpée, très dangereuse pour les moutons, avec ou sans ours.
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4 – Avec une vingtaine d’ours en 2010, environ 200 ovins étaient prédatés chaque année. Sept ans après, le nombre d’ours a doublé, mais les pertes se situent le plus souvent sous la barre des 200 ovins prédatés ( pour près de 40 ours en 2016 ) : c’est un résultat incroyablement bon ! Que chacun en prenne bien la mesure. C’est la preuve que les mesures de protection avancent et sont efficaces (triptyque berger – chien de protection – regroupement nocturne).
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5 - les problèmes de prédations se concentrent sur les estives qui refusent le gardiennage.
Un troupeau gardé (et non pas seulement "surveillé" de près ou de loin), c’est la présence d’un ou plusieurs bergers et aide-bergers en fonction de la taille du troupeau.
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C’est un regroupement nocturne dans un enclos électrifié et suffisamment vaste. Ainsi, un hectare n’est pas une hérésie, cf expérience très positive de Christian Balthazar plusieurs années d’affilée au Barestet à St Lary en Ariège, avant que le groupement pastoral ne le remercie. Entre temps, il avait expliqué sur "France 2" comment il protégeait son troupeau de plus de 1000 ovins avec des patous. Il avait réussi à faire baisser les prédations de plusieurs dizaines de bêtes avant son arrivée, à quelques unités plusieurs années d’affilée.
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Ces trois dernières années, des bergers de bonne foi mais ne connaissant vraiment rien des mesures de protection (nous l’avons vérifié) ont été nommés au Barestet, le parc a même été jeté à terre avant que la DDT ne tape du poing sur la table pour réclamer que ce qu’elle finance et qui a fait ses preuves contre les attaques d’ours soit utilisé. Il n’y a plus de patous sur cette estive où les ours peuvent pourtant être présents. L’année qui a suivi le départ de Christian Balthazar, nous y avons même retrouvé un agneau âgé de deux jours isolé à plus d’un kilomètre de la cabane du berger et sans la moindre surveillance, le berger ignorant que cette naissance avait eu lieu et n’y portant aucune attention malgré notre signalement. Cet agneau est resté à la merci de tous les aléas de la montagne, parmi lesquels l’ours n’est qu’un.
Le dernier volet d’une bonne protection, c’est donc des chiens de protection bien éduqués et en nombre suffisant.

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6 - concernant les milieux naturels et le paysage, en aucun cas le pastoralisme n’est en mesure aujourd’hui de lutter massivement contre la fermeture des milieux (embroussaillement et retour de la forêt). Ceci est vrai depuis des décennies voire même plus d’un siècle. D’autant plus que le retour de la forêt n’est rien d’autre que le retour de l’écosystème européen de base dans nos contrées.
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7 - Là où l’on choisit de maintenir le pastoralisme et les milieux ouverts, c’est le pastoralisme le plus compatible avec la présence des prédateurs qui permet de maintenir ces milieux ouverts. En effet, des troupeaux menés "en escabot", avec des bêtes dispersées sur les estives, sans action suffisante du berger pour guider les bêtes, voire sans berger permanent l’été, aboutit à ce que les brebis surpâturent "naturellement" les zones faciles d’accès (pelouses en crête) et sous-pâturent celles qui sont plus difficiles d’accès et lignifiées (rhododendrons…).
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8 - C’est bien le pastoralisme livrant trop souvent les troupeaux à eux-mêmes et refusant l’ours, qui vide la montagne de la présence humaine, en empêchant un gardiennage permanent, professionnel et qualifié. Un géographe a même écrit « les grands prédateurs permettent la réintroduction des humains ».
(Farid Benhammou, « Protéger l’ours et le loup en France », Géographie et cultures, 69 - 2009, 25-42.).
L’ours contribue par exemple directement à la mise en place de plusieurs centaines de postes de bergers chaque année dans les Pyrénées. Même si ceci est moins visible depuis 10 ans, alors que le milieu agricole a obtenu des autorités un peu d’opacité pour brouiller les cartes en affichant désormais ces mesures comme purement agricoles et déconnectées de l’ours : les opposants ont réussi à les faire passer du ministère de l’écologie à celui de l’agriculture.
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9 - les feux dits pastoraux sont souvent responsables de l’embroussaillement des milieux tant ils sont le plus souvent suivis du retour de landes à genévriers, rhododendrons et genêts, quand ce n’est pas celui des fougères. Ces feux causent des dégâts importants aux écosystèmes, à la qualité de l’air mais aussi, aux hommes (destruction de la forêt pare-avalanche d’Auzat, hiver 2016-2017, décès de 5 personnes et 2 grièvement blessées en 2000 dans les Pyrénées Atlantiques…).
Dans ce contexte, accuser le retour des prédateurs d’un risque incendie accru est une posture propagandiste grossière que les faits contredisent totalement.
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10 – Les pertes de bétail attribuées aux grands prédateurs sont, en France, parmi les plus élevées d’Europe. Pour le loup, plus de 10 fois plus importantes que la plupart des pays de l’UE.
D’autre part, les chiffres de mortalité ovine à la naissance sont aussi particulièrement élevés en France : 10 à 20 %.
Il y a un problème bien réel, qui devrait inciter à remettre à plat les méthodes et l’expérience de l’élevage ovin dans notre pays.
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11 – La filière ovine française est toujours en crise, l’ours n’y est pour rien :
En 20 ans, la consommation de viande ovine française a été divisée par deux. (1990 : 5,4 kg/an/personne - 2013 : 2,7 kg/an/personne).
6,50 € : c’est le prix du kilogramme de gigot néo-zélandais vendu dans les supermarchés français. Le même kilogramme atteint 18 euros en ce qui concerne l’agneau français.
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12 – Nouveaux nuages à l’horizon, ni l’ours, ni le loup ne sont responsables : Toujours dans ce courrier de mars 2017 au ministre de l’agriculture, la Fédération Ovine poursuit :
« En effet, c’est un véritable séisme que nous nous apprêtons à affronter : alors même que le Royaume-Uni prépare, désormais, sa sortie de l’Union européenne… c’est un accord de libre-échange modernisé avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande que la Commission européenne voudrait nous imposer !
Alors même que cette sortie viendra bouleverser nos échanges de viandes ovines et pourrait affecter considérablement les prix pratiqués sur notre marché (…) ».

Conclusion :
Le pastoralisme pyrénéen (et français...) est à la croisée des chemins. Concurrence internationale, et baisse continue de la consommation de viande ovine, entraînent une diminution du nombre d’exploitations depuis des décennies. Suite à ses difficultés économiques, il bénéficie tant bien que mal d’une solidarité nationale dont peu d’entreprises industrielles pourraient se targuer.
Dans « Crier au loup pour avoir la peau de l’ours », thèse du géographe Farid Benhamou, on comprend combien le retour du loup et de l’ours ont joué un rôle important, celui d’une caisse de résonance politique et médiatique, pour mobiliser cette solidarité nationale afin de répondre à la crise globale de la filière. Et tout ceci n’a plus du tout de rapport avec le nombre de brebis prédatées !
On ne peut qu’appeler aujourd’hui les représentants du pastoralisme pyrénéen à un sursaut :

  • - En condamnant explicitement les dérapages de plus en plus graves de certains, incitant au braconnage de l’ours, espèce très populaire pour une majorité de français et de pyrénéens.
  • - En encourageant la voie d’un pastoralisme durable et responsable, ouvert aux espèces sauvages et aux autres activités en montagne, plus en rapport avec une tradition ancienne si souvent revendiquée à tort et capable de produire de la valeur ajoutée sur place.
    La poursuite d’une politique calquée sur les individus les plus radicaux arcboutés contre toute cohabitation avec l’ours, continuant chaque année à perdre des dizaines de milliers de bêtes subventionnées par la collectivité, ne pourra qu’altérer le capital de sympathie de la figure du « berger » puis de l’éleveur auprès de la population. Et par là-même scier la branche sur laquelle est assis le pastoralisme pyrénéen, avec un risque réel et définitif d’effondrement des ventes et donc de désertion des territoires.

Dans cet article vous lirez aussi des témoignages de bergers et d’éleveurs pyrénéens qui cohabitent avec l’ours et qui savent protéger leur troupeau. Eux, on ne les entend pas car ils n’ont pas de drame à offrir en pâture aux médias locaux qui en sont très friands.


Voir en ligne : TABLE RONDE SUR LA SAISON D’ESTIVE 2017 BOYCOTTEE

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