Comité Écologique Ariégeois

Association départementale agréée de protection de l'environnement en Ariège

La guerre c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. (Paul Valéry- Gallimard - Cahiers)

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jeudi 12 novembre 2015

Le végétarisme est-il une voie vers l’écologie ?

Témoignages d’adhérents du CEA

Nous nous sommes rendus compte en nous fréquentant dans les réunions et les actions du CEA, que plusieurs d’entre nous sont végétariens ; avec des nuances intéressantes. La rédaction du site s’est intéressée à ce volet de vie qui a des répercussions sociales, économiques, écologiques comme on va le voir... Trois adhérents ont donc été d’accord pour répondre à nos questions...

Administrateur du site du CEA : Comment devient-on végétarien ?

BERTRAND :
Oui et bien voila, cela fait maintenant 3 ans que j’ai arrêté de consommer viande et poisson, ras-le-bol des cadavres dans mon assiette, je suis devenu végétarien.
Vous me direz, ayant 67ans, cela ne fait pas beaucoup par rapport aux 64 années ou, comme la grande majorité des français, je consommais viande, poisson et charcuterie la plupart du temps deux fois par jour (environ 100 kg/an/personne), et vous aurez raison, je ne suis pas un modèle dans le domaine, mais mieux vaut tard que jamais !

SERGE :
J’ai arrêté de manger de la viande vers l’âge de 30 ans. Je sacrifiais alors moi-même, avec beaucoup de réticences et tristesse, les lapins et poulets que j’élevais. Et donc peu après, par choix et conviction, je ne voulais plus, en consommant leur viande, être “complice” des massacres terribles des animaux d’abattoir, leur élevage souvent inhumain, leur transport poignant. J’en ai 69 et j’ai été plutôt en bonne santé jusque là.
Je dois avouer que je continuais à manger du poisson, des œufs, des laitages.

MARTINE :
Je suis devenue végétarienne du jour au lendemain, sans vraiment l’avoir prémédité, à la suite d’une rencontre avec la photographie d’un Maître Indien.
A la suite de cette expérience intérieure, tout mon corps physique a refusé la viande d’abord, le poisson quelque temps après, puis les œufs … cela s’est fait tout seul,
sans mon mental. Mon corps physique refusait ces aliments.
Je me suis trouvée démunie face à cette situation, mais n’ayant pas le choix, j’ai acheté des livres de cuisine végétarienne et étudié le livre du Dr KOUSMINE qui explique si bien les bases d’une alimentation « saine ».
Puis, petit à petit, j’ai introduit de nouveaux aliments dans ma cuisine : algues, graines germées, les huiles première pression à froid (colza, lin, chanvre … ), tofu, etc.
Je vis ainsi depuis 1982, et jamais je n’ai pu remanger des aliments carnés.
Ma santé est relativement bonne pour mon âge (bientôt 70 ans !)

CEA : Est-ce que le changement d’alimentation a été facile à vivre ?

BERTRAND :
La transition s’est faite facilement et simplement, Une fois la décision prise, progressivement, il y a eu de plus en plus de repas sans viande ni poisson, et aujourd’hui, je me félicite de cette décision, ne serait-ce que pour la bonne forme, la bonne santé, l’énergie que je trouve en moi depuis… Sans compter une substantielle économie d’une centaine d’euros par personne et par mois.

SERGE :
Comme j’étais grand consommateur de viande et de charcuterie (par goût) je ne peux pas dire que la transition a été douce. J’ai aussi arrêté de fumer à la même époque pour accompagner ma femme qui arrêtait aussi afin de porter notre enfant dans de meilleures conditions. C’était une révolution dans mon corps et dans mes habitudes de vie. Heureusement, parallèlement, je lisais beaucoup de livres (végétarisme, sages indiens, livres spirituels) qui m’aidaient à trouver un sens à cet arrêt brutal de consommation de viande et de cigarettes. Je pensais parallèlement à consommer des compléments alimentaires puisque nos végétaux ne poussent plus sur des terres agricoles équilibrées en oligo-éléments et sels minéraux naturels.

MARTINE :
Comme je l’ai déjà dit, cela s’est imposé à moi, et je n’ai pas eu le choix. En même temps, cela a été très facile … car je suis très gourmande et j’aime essayer des choses nouvelles … de plus j’adore faire la cuisine et inventer de nouvelles saveurs !
Plus on mange léger, plus l’alimentation change toute seule et s’allège de plus en plus ! Par exemple, je ne me souviens pas comment et quand j’ai arrêté la consommation de lait. Ça s’est fait sans y penser.
Je ne mange plus d’aliments avec gluten depuis plus de 15 ans et de nombreux troubles physiques ont disparu.
Maintenant, je mange de plus en plus d’aliments crus et de moins en moins de céréales et de légumineuses.
Mais cela se fait tout doucement, et tout seul.
Le principal est le plaisir de la nourriture, garder ce plaisir !
J’ajoute que je n’ai pratiquement jamais bu d’alcool durant ma vie.

CEA : Au niveau de l’environnement, quel est l’impact d’un changement éventuel d’alimentation ?

BERTRAND :
Pour ma part, je souhaite (modestement) contribuer à la diminution de l’élevage intensif, à la limitation des gaz à effet de serre (les bovins en produisent beaucoup), à une meilleure attitude vis-à-vis des animaux, notamment les mammifères, nos proches cousins dans l’évolution des espèces et auxquels on doit considération et respect tel qu’ils sont, comme pour l‘ensemble de la nature d’ailleurs.
Nous humains, dominons effrontément le monde du vivant. Nos facultés intellectuelles développées nous permettent d’être actuellement les prédateurs les plus efficaces (les plus redoutables) de tout ce qui vit. Il ne resterait plus que 20% (en masse) d’animaux dits « sauvages » sur terre, les 80% restant étant composé de nous-mêmes, des animaux d’élevage et des animaux domestiques.
Nous faisons partie intégrante de la nature qui nous entoure ; si nous brutalisons cette nature, nous nous brutalisons nous-mêmes. Notre intérêt bien compris est de trouver un équilibre, une harmonie entre les différentes composantes de notre environnement.
 [1]

SERGE :
Ce changement d’alimentation aura certainement un impact. Dans un premier temps, les éleveurs devront changer leurs habitudes d’élevage en étant plus respectueux de l’animal, de leur alimentation, de leur bien-être général pour avoir une “bonne image” auprès des consommateurs. Il faut savoir aussi que l’élevage est un grand consommateur d’eau. [2]
Si le phénomène s’amplifie, on assistera à un basculement des pratiques agricoles car le végétarisme accompagne très étroitement une agriculture bio et soignée. Beaucoup “d’exploitations” (ce terme devant disparaître aussi avec l’idée d’exploiter quelqu’un ) seront mixtes : l’animal devenant partie intégrante du cycle de vie de la terre. Mieux et plus sainement nourri, leurs excréments enrichiront (avec le compost) une terre propice à des cultures variées et plus saines, facteur de santé pour les humains. On retrouvera (en les modernisant) les bonnes pratiques agricoles que l’industrie a perverties ces 70 dernières années.
On retrouvera les races ancestrales animales capables de se nourrir avec des végétaux bruts naturels afin de continuer à désherber, défricher sans produits chimiques et sans brutalité mécanique.

MARTINE :
Je ne sais pas quel impact cela aura. Pourquoi Intervenir pour réguler la vie des animaux et de la nature en général (nous qui savons tout et sommes tellement « intelligents » !) : quelle inconscience et ignorance !
Qui sommes nous pour vouloir tout régenter ? Comment pourrions-nous vivre sans une nature vivante qui s’auto-régule elle-même ?
Nous sommes UN avec la Nature, c’est elle qui nous supporte, nous nourrit, nous permet de vivre sur cette belle planète !
Deuxième aspect : comment peut on vivre de façon harmonieuse et paisible sur cette planète, quand on maltraite autant les animaux (sans parler de la maltraitance des êtres humains et quelquefois de nous-mêmes ) ?
Comment construire une paix intérieure, l’équilibre, la joie de vivre, quand on soumet si trivialement la Nature, les animaux à nos désirs égoïstes ? Ça a un impact sur nous-mêmes.

CEA : Mais la diminution de l’élevage entraînerait une diminution de tous les produits dérivés animaux ?

BERTRAND :
Oui, pourquoi continuer à consommer des sous-produits animaux comme les laitages, œufs, fromages ? Cette question je me la pose, elle est cohérente avec cette première démarche mais j’avoue que je n’en suis pas encore là. La paresse sans doute ; également le fait que cela peut compliquer un peu la vie en société car la démarche, au début, est plus austère, plus ambitieuse. Mais je respecte et admire profondément ceux qui en sont à ce stade : le végétalisme.
En pratique, mon alimentation est très variée : à base de légumes, de fruits et quelques laitages et œufs. Ça suffit largement à nos besoins quelles que soient nos activités. C’est même un gage important de bien-être et de longévité, la viande (en particulier la viande rouge) étant source de nombreux cancers.
Concernant le poisson, outre le fait (au sommet de la chaine alimentaire aquatique) qu’il a tendance à stocker des produits chimiques nocifs comme le mercure, c’est plutôt un problème de pénurie, vue la quantité d’humains qui mangent du poisson. Il n’y en a plus assez dans les océans pour assurer la reproduction ; et l’élevage est un énorme gâchis à la fois écologique et sanitaire.

La question de la vit. B12

En se passant également de laitage, fromages et œufs (les végétaliens font ça), on se prive aussi d’une vitamine spécifique (B12) que l’on trouve facilement dans les produits animaux (viandes, poissons, jaune d’oeuf cru, crustacés, etc). Dans ce cas on peut facilement compenser par des compléments alimentaires riches en vitamines, métaux et oligo-éléments.

SERGE :
L’évolution dans ce sens a déjà bien commencé. Au niveau vestimentaire, les fourrures ont cessé (pas assez) d’être prélevées sur les animaux ; les toiles et matières végétales remplacent aisément les cuirs. Pour la nourriture, les protéines végétales ont remplacé favorablement les viandes récemment classées par l’OMS comme possiblement cancérogènes.
Il ne faut certainement pas cacher qu’une alimentation végétarienne, et qui plus est végétalienne, demande une réflexion et une organisation domestique dont on n’a pas l’habitude quand la cuisine à base de viande et de poisson est si facile à mettre en œuvre.

Mais de nouvelles habitudes viennent très vite car l’approvisionnement commercial existe, les appareils et ustensiles de cuisine sont les mêmes, et les ingrédients naturels pour le goût sont pléthore. La joie de manger est là avec des sensations gustatives nouvelles, plus vraies et plus subtiles…

MARTINE :
Nous devons réapprendre à vivre en harmonie avec la Nature, les animaux ...aimer les animaux pour ce qu’ils sont et non pour notre seul intérêt !
Tout est à ré-apprendre ! Une nouvelle façon de se nourrir est en train de voir le jour. A base de végétal ou de sous-produits animaux si on ne peut pas s’en passer mais à doses modérées et en privilégiant un élevage respectueux et reconnaissant…
Sur cette planète, il existe des règnes : règne humain, animal, végétal et minéral.
Tout évolue, passant petit à petit d’un règne à l’autre, au cours de milliards d’années.Le règne végétal n’est pas le même que le règne animal. Celui -ci est le plus proche de l’humain … à respecter d’autant plus !

CEA : Existe-t-il encore d’autres façons de se nourrir ?

BERTRAND :
On peut aussi aller encore un peu plus loin dans cette logique des nouveaux rapports avec les animaux : décider de ne plus utiliser aucun produit issu du monde animal. C’est le véganisme : plus de laine, miel, cuir etc… Là encore, chapeau, c’est une attitude cohérente et sans compromis qui permet de considérer l’ensemble des êtres vivants dans leur globalité.
Mais alors certains (avec mauvaise foi, si, si !) diront que les légumes que nous mangeons sont également des être vivants : les cris de la carotte que l’on arrache de terre etc… Oui, c’est vrai, ce sont des êtres vivants, mais sans système nerveux donc pas de capteurs de douleur ressentie à la différence du règne animal. D’autre part, il faut en moyenne 10 protéines végétales pour former une protéine animale, donc une alimentation carnée est plus gaspilleuse en ressource végétale.

SERGE :
Le végétarisme n’a pas pour but d’éliminer tout ce qui est vivant puisqu’ il s’agit exactement du contraire : manger plus vivant et plus sainement. Qu’est-ce qui se putréfie le plus vite entre poisson, viande, lait, œufs, fruits, légumes ? La réponse à cette question démontre ce qu’il vaut mieux consommer pour rester plus proches de l’état initial de santé que nous avons normalement en naissant…
J’aimerais aussi effleurer la question “incorporelle” dans ces “nouvelles” façons de vivre. Comment peut-on ignorer l’influence de l’environnement dans nos comportements et états d’esprit. Se nourrir constamment par l’exploitation souvent terrible des animaux, en saccageant pour cela terres, montagnes, forêts, a des répercussions négatives sur notre psychisme et notre sensibilité (sans parler de la santé physique). Les humains ont besoin d’harmonie, de paix, de liens simples avec la nature ; et ça commence par ce qu’ils consomment, ce qu’ils mangent. On est constitués à 100% de ce que l’on mange, boit, respire, et même ce qu’on perçoit par nos cinq sens, ce qu’on reçoit par notre système nerveux, la partie la plus sensible de notre être . Ça vaut la peine d’y réfléchir ?

MARTINE :
D’autres façons de se nourrir ? Bien sûr ! Nous pouvons décider de ne consommer ni utiliser aucun produit animal (lait, miel, œufs, cuir ...) pour respecter les animaux et leur intégrité. Également nous pouvons décider de ne manger que des légumes et fruits crus (bien sûr biologiques !) : toutes les vitamines dont le corps a besoin sont là dans la Nature.
C’est un long processus qui demande de s’écouter et d’agir sans dogmatisme. Déjà, faut-il que notre constitution physique le permette : là aussi nous devons vivre en harmonie avec notre corps physique, le respecter, l’aimer et répondre à ses vrais besoins.


Être végan signifie dire non à l’exploitation animale

A la suite de cet article, nous avons reçu ce courrier d’un praticien du Véganisme ( Mode de vie sans nourriture ou éléments issus du monde animal ). Nous avons pensé qu’il était intéressant de le publier car ce mode de vie est de plus en plus pratiqué. Avec des justifications somme toute acceptables notamment en faveur de la défense de l’environnement donc des animaux.
Son site internet : http://mercivegan.fr/




Pour finir, quelques végétariens célèbres,

Entre autres :
Aymeric Caron (journaliste)
Delphine Wespiser (Miss France 2012)
Franz-Olivier Giesbert (journaliste)
Alanis Morissette (chanteuse)
Paul Watson (fondateur de Sea Shepherd)
Nathalie Portman (actrice)
Leonardo DiCaprio (acteur)
Forest Whitaker (acteur)
Steve Jobs (fondateur d’Apple)
Johnny Depp (acteur)
Carl Lewis (athlète)
Al Gore (ancien vice-président des États-Unis)
Bill Clinton (ancien président des États-Unis)
Albert Einstein (scientifique)
Mahatma Gandhi (homme politique et guide spirituel)
Léonard de Vinci (artiste et scientifique)
Pythagore (philosophe)

Pour les autres :
http://www.vegemag.fr/actualite/50-vegetariens-celebres-1084

Avril 2016 : après plusieurs cas médiatisés de maltraitance animale dans les abattoirs, des personnes conscientes de ces problèmes ont carrément abandonné la consommation de viande :
Le monde du 4/04/2016


Voir en ligne : L’alimentation végétalienne, solution-clé contre le dérèglement climatique


[1Pour comprendre l’impact de l’élevage sur le réchauffement global, il faut aussi prendre en considération l’effet du méthane (CH4) sur le climat. Ce gaz, dont le « potentiel de réchauffement global » est dans le court terme soixante fois plus élevé que celui du CO2, est dû à 37 % à l’élevage. En cause : les gaz des ruminants et les lisiers. Par ailleurs, l’élevage émet 65 % du protoxyde d’azote sur terre (N2O), un gaz au potentiel de réchauffement deux cents fois plus élevé que celui du CO2.

[2Le concept d’ « eau virtuelle » exprime la quantité d’eau nécessaire pour produire un aliment ou un bien, du début à la fin de la chaîne de production. Pour produire 1 kg de blé, il faut par exemple 1 300 litres d’eau. Pour produire 1 kg de maïs, il faut 900 litres d’eau.
Mais on passe à 4 000 litres pour 1 kg de viande de poulet, et à 15 500 litres pour 1 kg de viande de bœuf !

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