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samedi 30 mars 2024
2,76 millions d’euros : le coût de la répression des opposants à l’A69
Le CEA est opposé à une nouvelle autoroute Castres Toulouse
L’OFB a fait plier, devant le tribunal, le service de répression des "écureuils". Ceux-ci ont pu redescendre de leur arbre (il n’en restait plus que trois), soulagés et fiers d’avoir traversé cette épreuve à laquelle ils/elles ont résisté pendant plus d’un mois...
L’État n’a pas le beau rôle dans cette histoire : ministre, préfet, gendarmes et forces de l’ordre ont été en dessous de toute humanité. Est-on toujours en France ou dans une de ces multiples dictatures policières mondiales ?
MàJ du 30 mars 2024 - Après l’arrêt, par le tribunal, des coupes d’arbres et la descente des écureuils soulagés (lire ici), REPORTERRE a chiffré le coût de cette opération par l’Etat : 2,76 millions d’euros. Tout ça pour faire un cadeau à l’entreprise privée qui empochera les royalties des péages.
Lire ce chiffrage aberrant dans l’article de REPORTERRE : https://reporterre.net/2-76-millions-d-euros-le-cout-de-la-repression-des-opposants-a-l-A69
MàJ du 13 mars 2024
L’avocate des militants de l’A69 inquiète de l’état de délabrement de la démocratie en France...
Alice Terrasse, avocate des "écureuils" est abasourdie par le pilonnage des concepts écologiques de la zone du projet d’autoroute par les "autorités" sensées les défendre :
Je le dis avec force, notre État de droit n’est pas respecté par ceux qui sont censés le faire respecter. Je ne comprends pas que des intérêts politiques et financiers surpassent l’intérêt général qui est la défense de l’environnement. C’est incompréhensible et donne le signal fort et triste que notre démocratie est en souffrance.
Lisez tout l’article de Reporterre ici :https://reporterre.net/A69-C-est-la-strategie-du-passage-en-force
31 octobre 2023
Toujours plus boulimiques d’espaces naturels, agricoles et arborés pour des kilomètres de bitume et d’arbres rabougris (ayant remplacé les arbres séculaires), telles sont les typologies des élus locaux, régionaux, nationaux et tous les décideurs et lobbyistes au service du grand capital et de la haute finance.
Point n’est besoin d’être devin pour comprendre que tous ces gens-là "vont à la soupe", d’une façon ou d’une autre. Soit directement, soit par activités ricochets.
Heureusement, il reste encore des citoyens conscients, honnêtes et courageux qui disent "Non, plus jamais ça !" Malheureusement les tronçonneuses et les "cater pilar" sont aux mains des boulimiques !!!
ET SI LA VÉLOROUTE NATIONALE 1 EXISTAIT DÉJÀ...
Entrons dans un projet de territoire PIONNIER et DÉSIRABLE !
10 artistes et leurs enfants entreprennent une tournée de 4 jours à vélo entre Toulouse et Castres : instruments, matériel sont transportés à vélo !
A chaque étape, spectacles, concerts et présentation du projet Une Autre Voie.
Mercredi 1er novembre, rendez-vous à 9h30 sur le parvis de la gare, face à la Maison du vélo (parvis Valéry Giscard d’Estaing) pour l’inauguration de la première Véloroute Nationale, suivie du départ pour Verfeil.
Chacun.e est invité.e à venir avec son vélo pour faire les premiers kilomètres, la première étape Toulouse-Verfeil ou encore l’ensemble du parcours jusqu’à Castres.
Il faut juste être autonome et prendre le nécessaire avec soi (tentes et victuailles). A chaque étape, un champ pour planter sa tente est mis à disposition avec wc publics à proximité.
Chaque matin, départ à 10h00. Rendez-vous sur le lieu des festivités de chaque étape.
1er novembre : Toulouse-Verfeil : 24 km
2 novembre : Verfeil-Loubens : 17 km
3 novembre : Loubens-Appelle : 17 km
4 novembre : Appelle-Castres : 25 km
Lundi après-midi, possibilité de réviser son vélo à la Maison du Vélo.
Pour la première étape, retour possible par le train de la gare de Montastruc-la-Conseillère ou de celle de Gragnague.
Osons imaginer demain pour qu’il se réalise ! En réponse à l’A69, nous défendons un projet de territoire pionnier autour de mobilités soutenables :
– Modernisation de la RN126
– Première Véloroute Nationale
– Amélioration de la liaison ferroviaire
Le programme :
Mercredi 1er novembre : VERFEIL
Accueil à la salle des fêtes En Solomiac par l’association TILT
16h : Goûter partagé et atelier décoration
17h : Spectacle « SoliloqueS », cirque
18h : Bal pour enfants (conseillé jusqu’à 99 ans)
19h : Présentation du projet Une Autre Voie
19h45 : Hot-dogs et accordéon !
Buvette sur place
Participation libre reversée à Une Autre Voie
Renseignements : 06 19 98 80 90 (Hélène)
Jeudi 2 novembre : LOUBENS-LAURAGAIS
Accueil à la salle des fêtes de Loubens par les Loubensois.e.s
16h : Goûter partagé, atelier décoration et atelier peinture
17h : Spectacle « Funambule »
18h : Bal pour enfants (conseillé jusqu’à 99 ans)
19h : Présentation du projet Une Autre Voie
20h30 : Répétition publique du groupe Tarash trad’loub
Repas partagé, pain fourni sur place
Buvette sur place
Participation libre reversée à Une Autre Voie
Contact : 06 88 68 16 71 (Thomas)
Vendredi 3 novembre : APPELLE
Accueil à la mairie d’Appelle
16h : Goûter partagé, atelier décoration et atelier peinture
17h : Työ, tissu aérien, numéro de cirque
18h : Mister Bishop, solo de saxophone et batterie
19h : Présentation du projet Une Autre Voie
Soirée crêpes, galettes et accordéon !
Buvette sur place
Participation libre reversée à Une Autre Voie
Contact : 06 15 28 34 46 (Angèle)
Samedi 4 novembre : CASTRES
Accueil au Domaine Puy Saint Jammes, 105 route de la Fédial
17h : Työ, tissu aérien, numéro de cirque
18h : Mister Bishop, solo de saxophone et batterie
19h : Présentation du projet Une Autre Voie
Repas et apéro partagés
Participation libre reversée à Une Autre Voie
Contact : 06 07 67 00 50 (Mathieu)
Toutes les infos sur le site de La Voie Est Libre.
Monsieur le Ministre des transports, comment osez-vous ?
Alors que la grève de la faim menée en septembre et en octobre par quinze personnes pour demander la suspension des travaux de l’autoroute Toulouse-Castres jusqu’au jugement sur le fond du recours contre l’autorisation environnementale a permis de donner une visibilité nationale à la lutte contre l’A69, alors que depuis des semaines s’enchaînent articles et prises de position publiques sur ce sujet, alors que la tribune « Pour nous, scientifiques, l’autoroute A69 est un de ces projets auxquels il faut renoncer » a été signée par plus de 1 500 scientifiques, M. le Ministre, vous jouez une dernière carte : marteler que ce projet résulte d’un processus démocratique et que s’y opposer reviendrait à piétiner la démocratie. Comment osez-vous ?
Comment osez-vous feindre d’ignorer les résultats du processus de démocratie environnementale, c’est-à-dire l’enquête publique, qui comme le précise le rapport de la commission d’enquête a donné lieu à de nombreux avis défavorables ? On devine, en filigrane, du rapport d’enquête publique, concluant par ailleurs à un niveau de participation élevé, que ces avis étaient majoritaires : « Le contexte réglementaire de la présente enquête est significativement différent de celui qui prévalait lors de la DUP de 2016, tant les textes ont évolué rapidement ces dernières années en réponse aux inquiétudes liées au réchauffement climatique et à la perte de biodiversité. Cette prise de conscience est manifestement très présente dans les contributions déposées au cours de l’enquête. »
Comment osez-vous éluder le fait que ce projet sape des objectifs nationaux qui ont eux-mêmes un caractère démocratique, à commencer par ceux de la loi Climat et Résilience puisque celle-ci découle des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat ? Rappelons que cette loi fixe une trajectoire aboutissant au « zéro artificialisation nette » (ZAN) à l’horizon 2050. Or l’existence de grands projets tels que celui de l’A69 compromet le respect de cette trajectoire pour la période 2021-2031, à tel point que Carole Delga a fait savoir dans un courrier envoyé il y a un an aux collectivités compétentes en matière d’aménagement qu’elle plaidait auprès du gouvernement pour que les grands projets soient purement et simplement exclus du ZAN ! Récemment, au cours d’un séminaire sur la sobriété foncière destiné aux élus du Tarn, sa Vice-Présidente à l’aménagement du territoire, Mme Florence Brutus, révélait que l’enveloppe mutualisée de 10 000 ha pour les projets dits « d’envergure nationale et européenne », attribuée par la loi « de mise en œuvre du ZAN » de juillet dernier et à partager entre les 11 régions françaises dotées d’un SRADDET (schéma régional d’aménagement et de développement durables), était déjà comblée avec les seuls projets recensés dans les régions Occitanie, Hauts-de-France et Nouvelle-Aquitaine. Loin d’en déduire qu’il fallait renoncer à des projets afin de respecter le plafond fixé par la loi, Mme Florence Brutus, se targuait de poursuivre son plaidoyer auprès du gouvernement pour que celui-ci reconnaisse les « spécificités de la région ».
Comment osez-vous assimiler à la démocratie le point de vue pro-autoroute d’élus locaux influents lorsqu’on connaît la façon dont le groupe Pierre Fabre, non content de faire du lobbying intense pour ce projet depuis des décennies, noyaute la vie politique du sud-est tarnais, comme l’a montré l’enquête de Reporterre publiée le 19 octobre 2023 ?
Comment osez-vous en appeler au respect de la démocratie alors même qu’un conflit d’intérêt sur ce dossier existe au plus haut sommet de l’État ?Off Investigation a révélé que sur les quatre actionnaires formant le consortium ATOSCA, deux d’entre eux (TIIC et Ascendi) sont détenus par des entités (respectivement banque Rotschild et Ardian) qui ont contribué financièrement à la carrière politique d’Emmanuel Macron !
Ce projet est en réalité le fruit de la ploutocratie.
« Lorsque le dernier arbre aura été coupé, lorsque le dernier poisson aura été péché, lorsque la dernière rivière aura été polluée ; quand respirer l’air sera écœurant, vous vous rendrez compte, trop tard, que la richesse n’est pas dans les comptes bancaires et que vous ne pouvez pas manger l’argent. »
Proverbe amérindien
Publié le samedi 28 octobre 2023.
Et les agriculteurs, dans tout ça ? Beaucoup de souffrances silencieuses à l’image d’un groupe social coincé entre une chambre d’agriculture "aux ordres", des pressions politiques et policières et le mutisme habituel du monde paysan.
Lisez cet article de REPORTERRE très parlant : https://reporterre.net/Expropries-surveilles-L-A69-un-enfer-pour-les-agriculteurs
Et pour une fois, LE MONDE se démarque du gouvernement dans ce dossier : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/09/25/l-a69-toulouse-castres-est-elle-justifiee-comprendre-le-debat-sur-ce-projet-d-autoroute_6178231_4355771.html
Média-Cités fait le point des évènements. Ci-essous, l’article brut et en PDF ci-contre avec des photos :
Toulouse‐Castres : La bataille de l’A69 change de dimension
Les grévistes de la faim et de la soif ont porté la lutte à un niveau d’engagement inédit, mais les autorités restent sourdes à la demande d’un moratoire. Alors que pro et anti autoroute restent déterminés, le temps du dialogue risque de toucher à sa fin.
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Si elles n’ont pas fait fléchir le gouvernement, les grèves de la faim ont donné un écho national à la lutte contre l’A69. / Crédit photo Frédéric Scheiber
Les grèves de la faim et de la soif n’y auront rien changé. Le gouvernement réaffirme, ce lundi 16 octobre, « son soutien à la réalisation du projet d’autoroute A69 ». « Le chantier sera mené à son terme », assure Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, qui appelle « chacun à faire preuve de responsabilité dans le cadre des actions pouvant être menées à titre individuel ou collectif. Aucune violence, aucune incitation à la violence ne peuvent être tolérées ».
Cette déclaration intervient au lendemain d’une réunion à la sous‐préfecture de Castres, vendredi 13 octobre où « pros » et « anti » sont restés sur leurs positions respectives. Au cours de la rencontre, le maire divers droit de Castres, Pascal Bugis, fervent défenseur de l’autoroute, a même préféré quitter la salle plutôt que devoir échanger avec ses opposants.
« Dans la posture actuelle des politiques, il y a une volonté de montrer qu’on ne cède pas face aux revendications de quelques écolos, c’est un message à destination de l’électorat de plus de 50 ans, analyse Denis Baréa, militant du collectif La voie est libre (LVEL). Mais en réalité, on ne sait pas ce qu’ils en pensent. Lorsque nous avons rencontré Clément Beaune au printemps, il nous a dit texto : « Je vous accorde que si on devait décider aujourd’hui de faire cette autoroute, on ne la ferait pas… » »
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Sabine Mousson, la maire de Teulat, espère que « le massacre des travaux va s’arrêter ». / Crédit photo Frédéric Scheiber.
La maire de Teulat, Sabine Mousson, qui avait reçu l’invitation officielle la veille au soir, n’a pas assisté à la réunion de vendredi dont elle n’attendait « pas grand chose ». « Ils s’entêtent à nous dire que tout le Tarn est favorable à l’autoroute, mais c’est faux, on l’a encore vu ces dernières semaines !, s’agace l’élue, très engagée dans le mouvement d’opposition. La réalité c’est que l’A69 nous dépasse maintenant, ça devient une lutte symbole de la parole des citoyens que l’on n’entend pas. »
Une analyse partagée par Denis Baréa. « On continue de se battre contre l’autoroute, mais ce combat nous dépasse désormais, juge‐t‐il. On approche du point de bascule, celui où les gens voient les insécurités climatiques, économiques, etc. se multiplier et considèrent qu’il n’y a plus de raisons que certains continuent à s’enrichir en faisant des projets à la con comme celui‐là. Je crois que le combat commun contre cette autoroute fait partie de cette bascule. »
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Les grévistes de la faim ont reçu de nombreuses preuves de soutiens, comme ici à Toulouse, le 2 octobre. / Crédit photo Frédéric Scheiber
Cette « bascule » a pris une portée dramatique et nationale lorsque quinze personnes sont entrées tour à tour en grève de la faim, en septembre, pour protester contre la reprise des travaux et l’abattage des arbres. Entre le 1er et le 10 septembre, huit militants opposés à l’A69 ont progressivement cessé de s’alimenter. Ils ont été rejoints le 18 septembre par une Toulousaine et quatre militants du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) au Burkina Faso, puis quelques jours plus tard, par l’influenceuse écolo Camille, aka « girl go green » (qui affiche plus de 100 000 abonnés sur Instagram) et un autre militant en Dordogne.
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Parmi ces militants, Bernard Boussard, 68 ans. Sous la supervision médicale de soignants et d’une médecin psychiatre, l’aîné des grévistes n’a ingéré que deux litres d’eau plate et « deux bouillons clairs genre bouillon cube bio » par jour. Un régime minimal qui l’a fait passer de 92 à 76 kilos. Cette mise en danger, ce travailleur social à la retraite l’assume complètement. « Je pense que la césure actuelle, profonde, entre opposant et pro autoroute est révélatrice d’un moment assez crucial au niveau planétaire, explique‐t‐il les traits un peu tirés et la barbe en broussaille. La crise climatique révèle des divergences profondes dans le rapport au vivant et les choix de modes de vie en deviennent les symptômes. Ce qui se passe ici dépasse la simple question de 60 km de route entre Toulouse et Castres… »
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Les travaux sont réalisés sous bonne garde. / Crédit photo Alain Pitton
Le long de ces soixante kilomètres, justement, les travaux sont allés bon train ces dernières semaines, sous la protection d’importantes forces de gendarmerie. Les platanes de Vendine, où s’étaient perchés les premiers écureuils du GNSA au printemps, ont été rasés. Tout comme plusieurs haies et petits bois situés sur l’emprise du tracé.
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Romane*, une militante anti‐A69, à Vendine, sur une chaussée jusqu’à récemment bordée d’arbres. / Crédit photo Frédéric Scheiber
Le terrain de foot de Montcabrier, autre lieu symbole de la lutte, a lui aussi disparu sous les coups de pelleteuse. Deux centrales d’enrobés à chaud de bitume sont désormais annoncées sur les villages de Villeneuve‐lès‐Lavaur et Puylaurens, également dans le Tarn.
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Dans le Tarn, les coupes d’arbres s’enchaînent sur le tracé de l’A69, comme ici, près de la zone humide du Dicosat. / Crédit photo LVEL
Pour alerter l’opinion face à ces disparitions, Thomas Brail, militant et figure emblématique du GNSA, est allé se percher mi‐septembre en haut d’un platane en face du ministère de l’Écologie à Paris. Malgré sa descente forcée par les forces de l’ordre, ce coup médiatique a forcé le ministère à le recevoir le 3 octobre en compagnie d’un autre gréviste de la faim, d’un représentant du collectif La voie est libre (LVEL) et d’un représentant d’Une autre voie pour un aménagement de la RN 126 existante.
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Thomas Brail, au début de sa grève de la faim, dans un pin majestueux à Saint‐Germain‐des‐Prés, près de Castres. / Crédit photo Alain Pitton
La réunion a été vaine. Les pouvoirs publics ont opposé une fin de non‐recevoir à leur demande de suspension des travaux. Pour donner le change, la présidente de région Carole Delga a proposé la mise en place de groupes de travail sur les compensations, la tarification et la création d’un service express de bus à bas prix et zéro émission. « Aucune remise en cause fondamentale du projet n’est évoquée. Aucune réponse n’est apportée à cette situation de crise », ont regretté LVEL et le GNSA dès le lendemain dans un communiqué.
En réaction, Thomas Brail et deux autres grévistes ont donc décidé d’entrer dans une encore plus radicale « grève de la soif », le 9 octobre. Face au risque élevé pour leur santé, les pouvoirs publics ont annoncé une nouvelle réunion le 13 octobre, en promettant que « les opérations de défrichement importantes » n’auraient pas lieu avant cette date. Cette perspective a permis à des grévistes « très affaiblis et terriblement amaigris » de cesser leur mouvement, sans pour autant crier victoire. Dans un communiqué, ils indiquaient, dès le 11 octobre, que « la lutte continue vers d’autres actions ». La suite leur a donné raison.
Car les pro A69 ont eux aussi donné de la voix pour soutenir une infrastructure censée désenclaver la région castraise. Battu en brèche par la communauté scientifique, l’argument est au cœur d’une lettre ouverte, signée par plus de 900 élus du Tarn et publiée le 11 octobre.
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Des « écureuils » dans des arbres face à l’hôtel de la région Occitanie, à Toulouse. / Crédit photo Frédéric Scheiber
Quelques jours plus tôt, c’est la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Tarn qui entonnait le même refrain. Dans un encart publié par La Dépêche du Midi, la CCI affirmait que « 550 entreprises » étaient elles aussi favorables au projet. Problème, les chefs d’entreprises signataires n’ont disposé que 1h20 pour donner leur accord à la pétition. « Sans réponse de votre part avant 16h00, nous considérerons que vous vous associez à notre action », les avertissait la CCI dans un courriel. Une méthode pour le moins expéditive.
Les partisans de l’A69 ont aussi pu se prévaloir de plusieurs décisions favorables rendues par le tribunal administratif de Toulouse. Le 6 octobre, celui‐ci a rejeté une demande de suspension de l’exécution d’un arrêté départemental autorisant les travaux. Saisi par une dizaine de structures requérantes à propos de l’abattage d’arbres d’alignement, le tribunal a considéré qu’il n’y avait « pas de doutes sérieux sur la légalité » de l’arrêté.
Face à ce bloc politique, patronal et institutionnel, les vents de la contestation soufflent pourtant toujours plus fort. Le président de la République a été interpellé mercredi 4 octobre par 1 500 scientifiques signant dans l’Obs une tribune lui demandant de renoncer à l’A69. Dimanche 8 octobre, sur France inter, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a appelé à « un moratoire immédiat sur ce projet qui est une aberration sociale et environnementale ». Un appel auquel Olivier Faure, le premier secrétaire du PS a répondu positivement. À couteaux tirés avec Carole Delga, le député de Seine‐et‐Marne estime – après avoir lu l’avis de la co‐présidente du Giec et de l’autorité de l’environnement que « certains projets d’infrastructure peuvent rester nécessaires, mais pas celui‐ci ».
COMMUNIQUE DE PRESSE du CEA
L’État, la Région Occitanie et le département du Tarn persistent aujourd’hui dans leur volonté d’aller au bout du projet de l’autoroute Toulouse-Castres (A69) dont les premiers travaux destructeurs de milieux naturels ont débuté depuis quelques mois. Une opposition grandissante s’affirme qui réunit population locale et élus locaux, citoyens militants qui vont jusqu’à mettre leur vie en jeu, organisations de défense de l’environnement, et scientifiques par centaines.
Le Comité Écologique Ariégeois rappelle ici qu’il est opposé à ce projet en tant qu’il est :
• Destructeur de milieux naturels dont des alignements d’arbres, des zones agricoles, des zones humides ;
• Inutile puisqu’il est surdimensionné par rapport à la circulation routière existante (moins de 6 000 véhicules /jour) et qu’il existe une route nationale pour laquelle les aménagements à réaliser seraient moins coûteux et moins destructeurs que la construction de l’A69 ;
• Imposé puisqu’il va à l’encontre de l’avis négatif de l’Autorité Environnementale et qu’il fait la sourde oreille aux alertes de plus de 1 500 scientifiques, du GIEC, de l’OFB et des 81 000 signataires de la pétition ;
• Injuste socialement par le montant élevé de son péage et la perte de temps qu’il occasionnera aux utilisateurs de la route nationale obligés désormais de traverser certains villages dont les déviations existantes, payées par le contribuable, seront confisquées par le tracé autoroutier ;
• Démesurément extractiviste de granulats aux conséquences écologique et socio-économique néfastes pour l’environnement : raréfaction et pollution de la ressource en eau, dégradation et pollution des sols, destruction des meilleures terres agricoles, et cela jusqu’en Ariège….
Le Comité Écologique Ariégeois rappelle qu’un projet alternatif de mobilité est porté par le collectif La Voie Est Libre. Nous appelons l’État, la Région Occitanie et le Département du Tarn à revenir à la raison en abandonnant ce projet (mortifère) d’un autre temps, et en ouvrant une concertation à partir du projet alternatif de réaménagement de la Route Départementale.
Le Conseil d’administration du CEA