Comité Écologique Ariégeois

Association départementale agréée de protection de l'environnement en Ariège

La guerre c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. (Paul Valéry- Gallimard - Cahiers)

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Réponse du COMITE ECOLOGIQUE ARIEGEOIS à l’ENQUÊTE PUBLIQUE pour le projet de construction de « cabanes » au Lac de Montbel.

jeudi 19 novembre 2020

Le Comité Écologique Ariégeois s’oppose au projet d’urbanisation de la partie du lac de Montbel "à niveau constant" (càd que cette partie du lac est maintenue à niveau constant par un mini-barrage). Nos arguments présentés ici par Gilbert Chaubet issus de son enquête sur le terrain :

Vu dans LDDM Ariège du 21 octobre 2020

Une Réglementation habilement contournée :
Déjà par le passé, la partie à niveau constant du lac a été déclassée de la Zone de Montagne par la volonté des élus locaux de réaliser dans le futur un projet d’hôtellerie. Notre association agréée siégeait alors au Comité de Massif de la Région et s’opposait au déclassement qui soumettait le lac à la Loi Montagne et le protégeait définitivement de toute urbanisation néfaste sur ses berges.
Aujourd’hui, nous y sommes, le projet de nombreuses « constructions » voit le jour. Certes, la loi existe toujours à travers un PLU, ceci afin d’éviter des dérives toujours possibles. Toute urbanisation, et nous verrons qu’il s’agit bien d’une urbanisation, nécessite une Révision de ce PLU. On pourrait croire qu’elle a bien eu lieu de façon réglementaire. Or, il ne s’agit que d’une « Révision allégée », beaucoup moins contraignante. Alors qu’il s’agit purement et simplement de transformer des Zones Naturelles devenues vierges et définies « N » en Zones Touristiques urbanisées dites « AUL1 » !
C’est peu de dire que l’acharnement à contourner la loi démontre bien que la volonté de protection du lac passe après certains intérêts.

Un camouflage « vert » du projet :
Tout laisse à penser que le projet est écologique dans le sens où il participerait à la protection de l’environnement. Il n’en est rien puisque d’une zone devenue naturelle et riche en biodiversité on passe à une urbanisation. Et ce n’est pas le terme de « cabane » qui cachera ce fait. En effet, autant on peut concevoir l’intégration d’une ou de quelques cabanes dans un milieu naturel, autant quand il s’agit d’une trentaine de cabanes nous considérons qu’il s’agit de tout autre chose. Parlons plutôt de camping de luxe ou d’urbanisation. Imaginons que les constructions soient toutes occupées : avec l’impact de cette surfréquentation, parlerons-nous alors de simples cabanes discrètes ou bien de camping noir de monde ? Et ce ne sont ni les termes utilisés ni les matériaux écologiques employés pour la construction qui réussiront à cacher l’impact important du projet (tolérance limitée d’un espace réduit, infrastructures lourdes pour l’assainissement, l’acheminement des matériaux, de l’énergie..etc). Un peu comme en montagne le « refuge-hôtel gardé » n’a plus rien à voir avec la cabane d’antan, même s’il est fait de matériaux dits « nobles ».

Un impact important donc :
Sur le milieu naturel, il est évident et relevé dans l’étude : les chauve-souris en général et surtout le Murin de Bechstein, la Loutre, le Pie Grièche Ecorcheur, le Gobemouche sont cités comme espèces à « enjeux forts ou modérés ». Ceci pour ne citer que les espèces censées être protégées. Et ce ne sont pas les quelques mètres soit disant réservés à la tranquillité de la loutre, sur le linéaire en totalité construit des berges, qui empêcheront cette dernière de fuir. Ainsi, dire que le projet constitue une prise en compte de la protection du site en créant la zone Np de la forêt est un leurre. C’est en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt. Cette zone officialisée Np existe déjà de fait et se protège toute seule si on n’y touche pas. Que représente l’effort de la laisser intacte si cela doit nuire ailleurs ? On pourrait prétexter que le projet a été modifié en épargnant les grands arbres du secteur de l’implantation de cabanes. C’est sans compter que ces cabanes se rajoutent à celles prévues sur les berges (rendement oblige) créant ainsi une succession ininterrompue de constructions tout autour du lac à niveau constant. Voilà au contraire une démarche tout à fait perverse.
Sur le milieu humain, les effets du projet seront tout aussi dégradants : un bâtiment d’accueil de 500m2 n’a rien d’une cabane ! Des séminaires organisés au profit d’une entreprise privée pourraient tout aussi bien se dérouler actuellement dans la Maison du Lac qui a bien du mal à trouver son utilité mais qui a le mérite d’exister. Les prestations prévues autour de ces « cabanes » n’ont rien à voir avec le concept de cabane : champagne, massages, spas...etc, relèvent davantage du luxe que de la sobriété et viennent « gonfler » un tarif de nuitée qui devient ainsi moins accessible à la clientèle locale. Celle-ci, d’ailleurs, est-elle demandeuse d’une telle infrastructure, elle qui est habituée à un espace naturel vierge, libre, gratuit, accessible à tous, apprécié de tous et respecté de tous ? On peut dire que le tourisme et les activités liées qui se sont développées autour du lac sont exemplaires, dans le sens où elles ont permis l’implantation de petits prestataires locaux à l’échelle d’un respect réel du site.

Une utilisation détournée du lac :

A l’origine, le Lac de Montbel a été créé pour l’irrigation et, accessoirement, la production d’électricité, la partie à niveau constant venant assurer le rôle de réservoir potentiel en cas de manque d’eau. Or, en 30 ans cela n’est pas arrivé, prouvant ainsi le bon fonctionnement du lac.
Nous considérons ainsi que l’approvisionnement du lac par le Touyre est non seulement inutile mais constitue un danger pour cette rivière ainsi que pour le lac (pollution).
De la même façon, le projet d’ « urbanisation » des rives du lac à niveau constant constituerait une utilisation détournée de celle prévue à l’origine. Non seulement cette dernière servirait des intérêts privés, mais elle remettrait entièrement en cause le rôle de réservoir de cette partie du lac en cas de défaillance du système entier d’irrigation.

Conclusion :
En résumé, nous nous opposons à ce projet pour les raisons développées plus haut :
• La protection de l’environnement mise en avant est un leurre. Les intérêts particuliers sont une priorité défendue par une réglementation depuis longtemps mise à mal.
• Les impacts environnementaux et humains ne sont pas ceux de simples cabanes mais plutôt ceux d’une urbanisation camouflée derrière une mode « verte ».
• L’utilité première du lac à niveau constant est non seulement remise en question par le projet, mais il la supprime. En ce sens, ce projet ajouté au détournement du Touyre vient parfaire la mise à mal du site apprécié du Lac de Montbel et de sa destination première.

Gilbert CHAUBET, pour le CEA
Ajoutons aussi que nous ne sommes pas les seuls à nous opposer à ce projet anti-environnemental et qu’une pétition a été lancée (voir notre brève pour la signer).
Nous vous invitons également à participer à l’enquête publique lancée à ce sujet :

Le commissaire enquêteur Christian Tourailles tient quatre permanences. Il était lundi au siège de la CCPM et il y reviendra le 20 novembre, dernier jour pour s’exprimer, de 14 heures à 17 heures. Il sera à la mairie de Montbel le 28 octobre de 14 heures à 17 heures et le samedi 7 novembre de 9 heures à 12 heures.

Également par voie dématérialisée : www.registre-numerique.fr/revision-plu-montbel

Avis de FNE-MP

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FNE Midi Pyrénées vient d’envoyer sa participation à l’EP. Voir ci-contre.

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