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La guerre c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. (Paul Valéry- Gallimard - Cahiers)

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mardi 6 avril 2021

Le ministère de la Transition Ecologique : fer de lance de la nouvelle société ? Pas en torpillant ses fonctionnaires ni en refusant l’information aux associations en tout cas !

Le ministère de la Transition Ecologique : fer de lance de la nouvelle société ? Pas en torpillant ses fonctionnaires ni en refusant l’information aux associations en tout cas !
C’est un article de REPORTERRE qui révèle les dysfonctionnements d’un ministère qui devrait pourtant propulser les nouvelles orientations et missions vers une société plus tenable écologiquement, économiquement et socialement.
Voudrait-on torpiller les politiques menées vers la réduction des menaces climatiques qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
D’un côté les annonces médiatiques clinquantes et de l’autre la réduction constante et sournoise des agents, des moyens et des financements.

Florilège des déclarations de quelques fonctionnaires de ce ministère au média numérique REPORTERRE :

« En huit ans, l’administration centrale a perdu près d’un tiers de ses effectifs. Les personnels ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés et, faute de visibilité, ils sont stressés. »

Ces réorganisations sont trop souvent décidées sans tenir compte de l’expertise des agents : « On ne leur demande pas leur avis pour mieux organiser les choses mais pour savoir comment abandonner des missions et supprimer des effectifs. »

« Nous sommes chaque année moins nombreux, avec toujours plus de sujets à traiter. Nous devons travailler toujours plus tard pour tenter d’avancer. Mais cela part dans tous les sens et le programme de travail n’est pas tenable. D’autant que la hiérarchie ne priorise pas et ne dit jamais non »,

« Le Giec nous demande de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 40 % et pendant ce temps, le ministère supposé agir pour se mettre en conformité avec cet objectif perd 30 % de ses effectifs en huit ans. C’est un très mauvais signal. »

Dans une entreprise bien gérée, de tels dysfonctionnements remonteraient aux supérieurs hiérarchiques qui mettraient en place des solutions afin d’améliorer la situation. Mais au ministère de la Transition écologique, l’omerta semble de mise. « Les paradoxes et injonctions contradictoires existent mais personne ne sait plus comment on en est arrivé là et si l’encadrement voire le niveau ministériel en a conscience. Du coup, on se retrouve dans des situations ubuesques où on reste paralysé dans des non-sens et des impasses juste parce que personne n’a osé alerter, contredire le directeur général ou la ministre. Le courage et la franchise ne sont pas valorisés »,

De son côté, L…………assure avoir déjà vu un directeur se faire remercier du jour au lendemain après avoir émis un avis qui aurait déplu au cabinet ministériel. Cela n’incite pas au courage de la part de la hiérarchie. Pauline en sait quelque chose. « Si tu tiens tête, tu sais que tu crames ta carrière. Quand je partirai, je sais qu’ils vont me remplacer par quelqu’un qui fera le bon petit soldat. Personne ne va remettre en cause quoi que ce soit. Ils diront que je n’ai pas tenu la pression et que j’étais faible. Pourtant, j’ai déjà vécu des situations beaucoup plus stressantes dont je suis sortie sans soucis. Je dois me dire que c’est pas moi le problème, mais l’organisation.  

Image de Reporterre

« Je pense qu’il y a une maltraitance de l’administration d’État et des agents publics qui, à certains égards, ne serait pas tolérée dans le privé », déclarait Cécile Duflot, ancienne ministre de l’Égalité des territoires et du logement, dans un entretien donné au site Autrement

Autre aspect démoralisant : la toute puissance de Bercy dont beaucoup dénoncent l’influence néfaste. « Je me demande souvent pourquoi je bosse vu qu’on perd toujours nos arbitrages », soupire Pauline. « Nos ministres n’arrivent pas à appliquer les politiques car les enjeux budgétaires font tout capoter. Nous n’avons jamais les moyens pour remplir nos objectifs. »

...la pression des édiles locaux. « Il y avait une demande de nouvelle autoroute entre deux grandes villes. Nous avons réalisé des études qui prouvaient que cela coûtait trop cher et détruisait trop de sites naturels par rapport au gain de temps espéré. Mais finalement les ministres ont quand même décidé qu’il fallait la faire, surtout pour faire plaisir aux maires… »

Pour se préserver, certains préfèrent quitter ce ministère. Mais impossible d’avoir des chiffres précis car les fonctionnaires ne restent jamais plus de deux ou trois ans au même poste. Un système assez pervers selon François : « Cette rotation émiette la prise de conscience des agents qui n’ont pas le temps de constater la dégradation des conditions de travail car ils sont catapultés sur un autre poste. » De plus, beaucoup d’agents interrogés dénoncent une épidémie d’épuisement professionnel parmi ceux qui restent. Une information confirmée par les syndicats, qui peinent toutefois à chiffrer l’ampleur du phénomène car, si les chiffres des arrêts de travail sont connus, leur origine — simple angine ou profonde dépression — n’est jamais précisée. « En refusant de nous communiquer ces chiffres, les autorités tentent de rendre invisibles les liens entre les conditions de travail et les conséquences sur la santé des agents »

« Avant, on avait un réseau de compétences qui produisaient beaucoup plus d’études en interne. Aujourd’hui, l’administration se tourne vers l’extérieur pour trouver de l’expertise », constate Isabelle Robert de la CGT. Elle cite l’exemple d’une étude commandée au cabinet Boston Consulting Group pour étudier la loi Climat et résilience. « Quel est le budget alloué à cela ? Le ministère ne nous a jamais répondu »

Fabrice Brucker confirme cette tendance, en donnant l’exemple de la nouvelle stratégie pour entretenir le réseau routier national, qui a été confiée au cabinet Capgémini en 2019 : « Imaginez le désaveu pour les ingénieurs d’un ministère technique que de voir confier les orientations stratégiques à une société privée. »

La ministre Barbara Pompili expliquait être tout à fait consciente de la situation. « Je vous confirme que je préférerais avoir beaucoup, beaucoup plus de moyens et d’agents dans ce ministère. Des efforts budgétaires sont demandés à tous les ministères. Chacun fait sa part, on doit faire la nôtre. Mais les efforts qui sont demandés au ministère de l’Écologie sont importants et cela depuis longtemps. »

L…... se voit plutôt comme un ultime rempart face aux lobbies : « Tant qu’on est là, ils ne gagneront pas totalement. On essaie de rester les garants du bien commun en sauvant les meubles entre deux réorganisations. La vie d’un fonctionnaire, c’est de s’en prendre plein la figure et, lorsqu’on arrive en fin de carrière, on peut se dire qu’il y aura deux ou trois choses qu’on aura réussi à préserver. » P………. est plus pessimiste : elle estime qu’il est impossible de faire changer les choses de l’intérieur et espère que les bouleversements viendront de la société civile. « Les gens qui vont faire des Zad, c’est ce qui pourrait faire changer le cap des gouvernants. Faute de réel contre-pouvoir, l’administration demeurera impuissante. »

L’article de REPORTERRE


En relation avec cet article, FNE nous rappelle que le 14 mai 2020, la France a été mise en demeure par la Commission européenne d’améliorer l’accès des citoyens à l’information en matière d’environnement, et ce dans un délai de quatre mois.

Le droit d’accès à l’information environnementale est consacré par de nombreux textes au niveau international, européen et français. Toutefois, malgré sa consécration par les plus hautes instances, ce droit, très souvent bafoué, est vidé de sa substance, tant par l’absence culturelle de transparence des administrations que par l’insuffisance des moyens de la CADA qui est censée donner son avis rapidement en cas de refus.

Article de FNE

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