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Les peuples premiers, à l’écart de la technologie, des modèles pour vivre mieux en bonne santé.

mercredi 23 janvier 2019

Ce texte d’Yves Rasir [1], nous parle d’un moyen basique de vivre en bonne santé physique et psychique. Il part d’un fait divers récent et a poursuivi ses recherches sur cette tribu d’une petite île appartenant à l’Inde qui en protège ses habitants. Déjà, ce fait n’est pas courant parmi les nations "évoluées" du globe qui tentent, à l’image de cet évangéliste de l’histoire, de profiter, esclavagiser, contraindre, utiliser, déformer les peuples retirés de la "civilisation moderne". Laissons-lui la parole :

Images d’un paradis caché

Cela s’est passé le 17 novembre dernier (2018) : un certain John Chau, jeune évangéliste américain, est mort sur une plage de Nord-Sentinelle, une île perdue en plein océan indien. Banal fait divers touristique ? Que nenni : ce missionnaire amateur voulait convertir l’un des derniers groupes humains de la planète qui vit encore à l’écart du reste du monde. Pour lui, les habitants de ce petit paradis préhistorique, où ils ont probablement débarqué en provenance d’Afrique il y a 60 000 ans, étaient des prisonniers de Satan à qui il fallait absolument faire découvrir la Bible, le péché originel et notre brillante civilisation occidentale. Il n’aura pas eu le temps de prêcher la bonne parole car les indigènes l’ont immédiatement transpercé de flèches et ont enterré son corps dans le sable. La dépouille n’a pas été récupérée car le gouvernement indien interdit formellement d’approcher cet îlot de l’archipel des Andaman, dans le souci de protéger la population des épidémies. Celle-ci n’est d’ailleurs pas demandeuse de contacts. En 1971, le réalisateur d’un documentaire pour National Geographic est atteint à la cuisse alors qu’il s’approche du rivage. Dix ans plus tard, l’équipage d’un cargo échoué ne devra son salut qu’à un hélitreuillage par la marine indienne. En 2006, deux pêcheurs ayant accosté par mégarde ont eux aussi été criblés de flèches. Et dans l’intervalle, fin décembre 2004, des hélicoptères de l’armée indienne ont également essuyé une volée de projectiles lancés par des autochtones manifestement peu affectés par le tsunami et refusant tout secours. En raison de ce manque d’hospitalité manifeste, Nord Sentinelle a été qualifiée d’ « endroit le plus dangereux au monde » par certains médias avides de formules sensationnelles.

Pourtant, les Sentinelles n’ont pas toujours été hostiles envers l’homme blanc. Au XIXèmesiècle, des colons anglais avaient pu enlever six individus venus sans méfiance à leur rencontre. Mais comme les deux adultes avaient rapidement succombé, leurs ravisseurs avaient ramené les quatre enfants sur l’île, lesquels ne se sont pas fait prier pour s’enfoncer dans la jungle et ne plus revenir. Début des années 90, l’anthropologue T.N. Pandit a pu parcourir une partie de Nord Sentinelle et est même parvenu à côtoyer les habitants, allant jusqu’à nager avec eux. En mars 1993, la réalisatrice indienne Aruna HarPrasad a cependant fait mieux : n’écoutant pas les avertissements et bravant le danger, elle et son équipe ont réussi à amadouer la farouche peuplade en lui offrant des noix de coco. C’était la première fois que cette tribu parlant une langue inconnue se laissait approcher d’aussi près. Cette rencontre inédite a été filmée et elle a fait l’objet d’une longue séquence dans un documentaire que j’ai trouvé en accès libre sur internet. Je vous invite à visionner le film car c’est comme si vous alliez faire un voyage dans le temps, un bond en arrière de plusieurs dizaines de millénaires !
Le documentaire s’écoute en anglais mais les images n’ont pas besoin de traduction...

THE TRIBES OF THE ANDAMAN & NICOBAR ISLANDS - 1 from Aruna HarPrasad on Vimeo.

Ce qui est frappant, à la vue des images, c’est l’incroyable beauté de ces Adam et Ève noirs et de leur marmaille dénudée. Comme ces magnifiques enfants ont l’air joyeux et vigoureux ! Comme ces femmes superbes sont élégantes dans leur nudité et parfaitement proportionnées, avec leur fière poitrine pourtant dépourvue de soutien ! Comme ces mâles sculpturaux sont athlétiques et impressionnants de puissance tranquille ! Les qualités esthétiques de ces « sauvages » ont d’ailleurs profondément marqué Aruna HarPrasad. Dans une récente interview au journal Le Monde, la cinéaste raconte qu’elle n’a pas pu s’empêcher de caresser la peau d’ébène « douce comme du cuir » d’un de ces êtres virils auréolé d’une couronne de fleurs. « Les hommes étaient tellement beaux que si j’étais restée là-bas un moment, je pense que je serais repartie enceinte », a carrément confié la réalisatrice aujourd’hui retraitée. Parce que ses microbes auraient pu décimer l’îlot, elle se félicite toutefois de ne pas y être retournée et elle approuve sans réserve la décision de son pays de quadriller la zone et d’empêcher désormais toute intrusion extérieure. Les secrets de beauté des Sentinelles ne sont pas prêts d’être éventés !

Quoique. Il tombe sous le sens qu’une telle harmonie corporelle et une telle majesté posturale ne s’obtiennent pas en l’absence d’une belle santé. Et que celle-ci doit beaucoup au mode de vie de ces chasseurs-pêcheurs-cueilleurs miraculeusement épargnés par la « révolution » néolithique. Personnellement, je ne pige pas que les scientifiques n’essaient pas d’en apprendre davantage sur cette ethnie venue du fond des âges. On va sur la lune, on vise l’exploration de Mars, mais on ne met pas les moyens pour visiter cette parcelle de paradis terrestre ! On tourne de la téléréalité à Koh Lanta mais on se détourne de cette terra incognita bien réelle. Le risque d’y apporter des maladies ? Curieux prétexte à l’incuriosité. À l’heure des nanotechnologies et des robots miniatures, des chercheurs ou des producteurs pourraient facilement envoyer des drones stériles et pas plus grands que des araignées pour voir et entendre ce qui se passe à Nord Sentinelle sans déranger les occupants. Serait-ce que notre société « évoluée » craint d’y trouver un contre-modèle de ses turpitudes, et notamment le vivant démenti de ses dogmes sanitaires ? Selon les ethnologues, la population de l’île ne dépasse pas 200 âmes et ne varie guère depuis qu’on l’observe à distance. Comment donc font les femmes pour contrôler leur fécondité sans planning familial et sans pilule contraceptive ? Et comment survit cette mini-société archaïque sans tout le confort moderne, la médecine de pointe, les médicaments et les vaccins ? Se pourrait-il qu’une vie sans stress et une alimentation ancestrale riche en végétaux et en poisson suffisent à se forger un système immunitaire de fer ? Comment la peau de ces « primitifs » peut-elle être aussi vierge de stigmates et de dermatoses dans un environnement si peu dompté ? Et ces dents blanches, vous avez vu ces dents blanches ? Poser ces questions et y répondre rationnellement, c’est donner mille arguments aux promoteurs du « modèle paléo » : nos gènes étant rigoureusement les mêmes que ceux de nos ancêtres préhistoriques, nous avons tout intérêt à adopter leurs saines habitudes (régime paléo-cétogène, jeûne intermittent, activité physique, médecines 100% naturelles…) pour (re)trouver santé et vitalité. Les Sentinelles sont les gardiens d’une sagesse immémoriale que nos sociétés industrielles feraient bien de se remémorer.

À défaut de grives, on mange des merles. Et à défaut d’espionner les peuples premiers - il y en aurait encore une centaine vivant comme à la préhistoire - , la science peut toujours épier ceux qui sont à peine sortis de leur isolement. C’est ce qu’ont fait en 2015 des chercheurs américains : ils ont étudié comment dormaient les Chimanes de Bolivie, les Hadza de Tanzanie et les Ju/hoansi sédentarisés dans le désert du Kalahari. Conclusion surprenante de leurs enquêtes : ces trois peuplades traditionnelles présentent des habitudes de sommeil très similaires et elles ne passent pas plus de temps à roupiller que nous ! En Occident, on pense souvent qu’on ne dort pas assez. On parle de nos rythmes de vie effrénés, des écrans, du stress. Et pourtant, les individus des trois tribus scrutées ne dorment en moyenne que 5 à 7 heures par nuit. Ils n’ont pas de séries télévisées à regarder, ne doivent pas se lever tôt pour prendre le train, et pourtant ils traînent moins longtemps dans les bras de Morphée. Plus étonnant encore : si l’heure du coucher varie, l’heure du réveil est par contre identique, environ 1 heure avant le lever du soleil. Les horaires sont sans doute dictés par la température ambiante. Pour les chercheurs, ces ressemblances renvoient probablement à des caractéristiques fondamentales du sommeil humain, c’est-à-dire à des traits instinctifs qui ont été perdus dans les pays « agricolisés » puis industrialisés. Chez nous, de 10 à 30 % de la population souffrent d’insomnie chronique. Chez eux, seulement 5% disent avoir déjà eu des problèmes pour s’endormir…. une fois dans leur vie. Voilà le genre d’info intéressante que vous pourrez lire dans le Néosanté du mois de février. Pour sa rubrique « Modèle paléo », notre expert Yves Patte entame en effet une série d’articles dévoilant ce que le mode de vie paléolithique peut nous apporter pour résoudre les troubles du sommeil. Gageons que dans leur jardin d’éden pré-biblique, les Sentinelles ne paillassent pas non plus sur leurs nattes et ne connaissent pas l’insomnie. En tout cas, ce n’est pas un évangéliste écervelé qui les empêchera de dormir !
Yves Rasir


Voir en ligne : Le site de l’éditeur Yves Ramsir


[1Yves Rasir est un éditeur belge qui publie des ouvrages et un journal pour la bonne santé naturelle

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