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dimanche 28 février 2021

La fable de la voiture électrique écolo démontée par le Canard Enchaîné

Un article du Canard Enchaîné démonte la fable de la voiture électrique écolo :

La batterie électrique est déjà à plat
Il s’en vend de plus en plus, et demain, promis, on ne verra plus qu’elles sur les routes : les voitures électro-nucléaires, dites « voi­ture électriques ». On ne cesse de nous le rabâcher, la voiture électrique est très écolo et très bonne pour la planète.
Toutes ces ver­tueuses centrales nucléaires dont elle aura besoin ! Ces milliers de bornes à installer sur les routes pour qu’elle puisse recharger sa batterie ! Sa batterie, justement. Re­gardons-la de près.
Très lourde, très coûteuse, bourrée de métaux très rares. Voyez celle de la Tesla Model S. Elle pèse pas moins de 544 kg (soit le quart du poids total de la voiture). De quoi lui permettre - quel exploit ! - une autonomie d’un peu plus de 500 km.

Dans la batterie, on trouve 16 kg de nickel. Ce qui affole les industriels. Le nickel est plutôt rare, sur cette terre. « Le goulet d’étranglement de la transition énergétique se fera sur le nickel », vient d’af­firmer le patron français de Tesla (« Les Echos », 6/10). Dans dix ans, il en faudra dix fois plus qu’aujourd’hui. Et ce ne sera qu’un début... En prime, extraire du nickel, c’est une vraie galère. Non seulement il faut aller le chercher dans des pays exotiques, l’Indonésie, sur­tout, ou la Nouvelle-Calédo­nie, mais on ne le trouve ja­mais à l’état pur. Dans les minerais, il n’existe qu’en très faible proportion... Il suffît qu’ils en contiennent plus de 1,3 % pour qu’on les exploite. Creuser, extraire, broyer, cribler, hydrocycloner, etc. Résultat : de colossales montagnes de résidus. La plupart du temps, on les dé­verse dans la mer. Tant pis pour la biodiversité et les co­raux. La mobilité verte n’a pas de prix.

Il y a aussi du lithium. Il en faut 15 kg. On en trouve sur les hauts plateaux des Andes, à plus de 3 000 mè­tres d’altitude. Il faut pomper sous les salars (lacs de sel asséchés) la saumure riche en lithium, ce qui fait migrer l’eau douce vers les profon­deurs. « Une catastrophe éco­logique », disent les autoch­tones, qui souffrent déjà du manque d’eau (Reporterre, 2/9).
Il y a aussi 10 kg de cobalt. On va le chercher surtout au Congo. Son cas inquiète par­ticulièrement les construc­teurs automobiles soucieux de leur image d’amis du genre humain. Le cobalt est en effet « associé au travail d’enfants qui creusent à mains nues dans des mines artisanales pour à peine 2 dollars par jour » (« Les Echos », 23/9). C’est embê­tant. Faudrait faire quelque chose.

Le Canard et la batterie électrique

Mais il y a plus ur­gent. Il faut rattraper la Chine. Elle est déjà le cham­pion mondial de la batterie électrique. L’Europe va lan­cer l’« Airbus des batteries », « un enjeu de souveraineté européenne », a dit Macron. Ah, un détail : comme la batterie électrique est affreu­sement lourde, tout le reste doit être léger. La carrosserie de la Tesla est donc en alu­minium. Dont l’extraction produit des boues rouges très toxiques et est très gour­mande en énergie. On nous promet donc pour demain matin un « aluminium vert ». Les pauvres amish doivent en rester babas.

Jean-Luc Porquet (Le Canard Enchaîné) - Voir le fac-similé de l’article dans le PDF joint.

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