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dimanche 28 février 2021

300 personnes à Cahors pour exiger une réforme de la chasse

MàJ du 25/01/2021

Un mois et demi après la mort de Morgan Keane, tué par des chasseurs, ses proches réclament toujours justice. Samedi 23 janvier, près de 300 personnes ont manifesté à Cahors pour exiger une réforme de la chasse et défendre le droit de vivre sereinement dans nos campagnes.

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Extraits :

Un groupe de ses amies ont décidé qu’on ne pouvait pas impunément tuer un homme "par erreur" et ont formé un collectif pour atténuer les méfaits de la chasse. "Un jour, un chasseur"

En un mois, les six copines ont suivi une formation accélérée d’activistes. Elles ont dû apprendre sur le tas à écrire des tribunes, à organiser des manifestations et à répondre aux sollicitations des journalistes. Des milliers de personnes les suivent désormais sur les réseaux. Elles reçoivent entre dix et vingt-cinq témoignages par jour. Leurs voix portent : « On a créé une attente. On se sent submergé mais cela nous donne aussi de la force », raconte Peggy.

Comment se fait-il qu’on autorise les chasseurs à avoir des armes de guerre qui ont une portée plus longue que la vue des tireurs ? Comment se fait-il que j’aie besoin d’un certificat d’aptitude pour faire de la danse alors qu’une déclaration sur l’honneur suffit pour la chasse ? D’ailleurs, pourquoi peut-on obtenir son permis de chasse à seize ans, deux ans avant sa majorité ? On ne comprend pas, la majorité de la population française ne comprend pas. » dit l’une d’elle.


MàJ du 17/12/2020 - Tribune dans Libération

Après la mort de son ami, tué par un chasseur alors qu’il coupait du bois près de chez lui dans le Lot, l’une de ses amies exprime sa colère et sa révolte contre une pratique d’un autre âge.

Morgan Keane : Non, ce n’est pas normal de mourir à 25 ans

Je me souviens de mes promenades d’enfance sur les chemins, avec mon frère, à imiter le cri des Indiens, ou à hurler très fort : « On n’est pas des animaux ! » C’était pour nous plus un jeu qu’une question de vie ou de mort, des paroles d’enfants qui s’amusent à défier un danger auquel ils ne croient pas vraiment.

Aujourd’hui, dans le silence et le vide de mon cerveau qui tourne à toute allure et brasse beaucoup d’air depuis quelques jours, c’est ton nom qui résonne, Morgan, c’est ton nom que nous sommes nombreux à crier, à dire, à pleurer ou à murmurer. Tu ne nous entends plus. Et ils ne nous écoutent toujours pas. Pourtant, nous sommes en colère. Une colère que le chagrin accentue, une colère de celle qui fait grincer les dents, trembler les mains, qui vous serre la gorge et vous retourne l’estomac.

On aimerait pouvoir se battre avec tes armes, Morgan. Ta douceur, ton indulgence, ta bienveillance, ton amour. Mais ils ne parlent pas ton langage. Ils nous parlent de tradition, de régulation, de ruralité, d’accident, de nécessité, de propriété, de 4×4, de gros calibres, de statistiques. Des mots qui ne veulent rien dire, mais qu’ils pensent irréfutables, parce qu’ils ressemblent à ceux qu’utilisent nos gouvernants ; un langage froid, sans visage, le langage de la brutalité, du profit, des intérêts, de l’indifférence.

C’est un peu facile, « un accident de chasse ». Parce que derrière un « accident » de plus, un chiffre de plus, il y a quelqu’un qui a tiré sur quelqu’un et tué une personne, qui dira qu’il n’a pas fait exprès et qui s’en tirera sûrement avec un an de sursis et quelques années d’interdiction de chasser. Parce que la loi le permet. Parce que le vide juridique qui entoure l’activité de la chasse permet que ce genre d’accidents arrivent et ne soient considérés que comme des accidents. Alors on additionne des chiffres sans nom, et on explique encore une fois que le risque zéro n’existe pas.

La mort, c’est toujours triste, souvent dégueulasse et toujours injuste, surtout quand on a 25 ans. Mais Morgan est mort tué tout près de sa maison par un chasseur. Je lis ces mots et je n’arrive toujours pas à les croire. Ils semblent sortis tout droit d’une autre époque. Mais on a beau ouvrir grand les yeux, ça n’a rien d’un cauchemar : on est bien en 2020, en France, et on laisse des gens tirer dans la nature avec des armes de guerre.

Un chasseur m’a dit un jour que de toute façon, on pouvait mourir n’importe où, n’importe quand, en traversant la rue, au volant de sa voiture… Comme si c’était normal. Mais on en a marre d’accepter vos excuses. Plus que jamais aujourd’hui, elles sonnent faux et on meurt d’envie de vous les jeter à la figure. Non, ce n’est pas « normal » de mourir à 25 ans d’une balle dans la poitrine en coupant du bois devant chez soi. Céder à la colère, c’est peut-être le plus simple, mais se taire, c’est participer à leur hypocrisie et se ranger de leur côté, du côté de ceux qui ont toujours raison et qui veulent nous faire croire qu’ils sont les plus forts.


Article de Mediapart :
Morgan Keane, 25 ans, tué d’une balle de chasse perdue près de chez lui : le drame de trop ?

Ce nouveau drame de la chasse 2020 dans le Lot a fait le tour des médias, d’autant que Morgan était anglais, comme le vététiste de 34 ans « parfaitement identifiable », sur un chemin de montagne fréquenté, mortellement touché par le tir d’un chasseur de 22 ans, invité à une battue au gros gibier en Haute-Savoie... L’affaire du vététiste Mark Sutton (lui aussi anglais) tué à Montriond en 2018, a été jugée à quelques jours de la mort de Morgan : quatre ans de prison, dont un ferme (qu’il ne devrait pas faire) pour le tireur de Montriond, et trois autres chasseurs condamnés avec sursis pour avoir maquillé la vérité, le tout sur fond d’alcool, et de cannabis pour l’un d’entre eux…

« Un homicide involontaire, c’est trois ans de prison. Assorti d’une violation des règles de prudence et de sécurité, c’est cinq ans. Est-ce de nature à dissuader les chasseurs ? A l’évidence non » s’emporte Maître Benoît Coussy, avocat de la famille de Morgan Keane : « Si on criminalisait les homicides dans le cadre des accidents de chasse, peut-être que cette épée de Damoclès permettrait de réduire le risque de tirs sur des semblables. » suggère l’homme de droit avec raison...

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