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jeudi 5 juillet 2018

Le gouvernement, la biodiversité et l’artificialisation des sols ...

La biodiversité "tout le monde s’en fou !" affirmait récemment Nicolas Hulot. Le gouvernement aimerait bien contredire cette affirmation en montrant la mobilisation de l’état sur la question. Qu’en est-il ?

Passons sur la mise en scène, le décorum, la présence du premier ministre au muséum d’histoire naturelle le 4 Juillet dernier, l’affichage médiatique ne nous intéresse pas, venons en aux faits :
Les 6 axes stratégiques comportant quelques 90 mesures sont plus incitatives que contraignantes. Beaucoup reposeront sur la bonne volonté des collectivités, entreprises ou particuliers. Et elles n’ont rien de révolutionnaire. Elles marquent avant tout « la volonté de mettre en œuvre le Grenelle de l’environnement et la loi biodiversité de 2016 », estime par exemple Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. L’écologiste constate que le texte « ne comporte pas un mot sur les espèces agonisantes qui sont encore chassées en France » et rappelle que Paris s’est opposé à la proposition de la Commission européenne d’un moratoire visant à suspendre la chasse à la tourterelle des bois dont la population a chuté de 80 % en trente ans. C’est « une démarche qui va intégrer la biodiversité dans la Constitution », mais "sans l’ambition du plan climat auquel il devait s’apparenter ».

Prenons l’ exemple de l’artificialisation des terres :

Chaque année, 66 000 hectares d’espaces naturels et agricoles sont grignotés par l’urbanisation et les grandes infrastructures entraînant imperméabilisation des sols, risques d’inondations accrus et effondrement de la biodiversité, et la loi SRU de 2000, qui prévoyait déjà de limiter l’étalement urbain, n’a pas permis d’endiguer la prolifération de zones commerciales en périphérie, au détriment des centres-villes.

Le plan du gouvernement veut « inverser cette tendance », les sols sont une ressource finie, il faut « ménager plutôt qu’aménager » le territoire. Il prévoit d’inscrire dans le projet de loi Elan (sur le logement) l’obligation pour les collectivités de lutter contre l’étalement urbain, les préfets devant « vérifier systématiquement » l’application de ces mesures. Ils pourront aussi suspendre les autorisations commerciales à l’extérieur des centres-villes à redynamiser. De même, lorsqu’un nouveau parking sera construit, sa surface devra être perméable.

L’exécutif estime qu’« on ne changera pas d’échelle sur le sujet tant qu’on n’aura pas d’objectifs chiffrés », mais il n’entend pas les définir seul : il veut le faire notamment avec les collectivités. Il a ainsi lancé une concertation pour fixer l’horizon de « zéro artificialisation nette des sols », on aura toujours besoin de construire, surtout des logements, mais il faudra compenser en rendant à la nature des surfaces équivalentes. Rien de très neuf en fait puisque « l’objectif d’absence de perte nette, voire de gain de biodiversité, est déjà inscrit dans le code de l’environnement », rappelle l’avocat Arnaud Gossement.

Le compte y est ?

Face à l’urgence, le plan du gouvernement nous laisse dubitatifs. contredit qu’il est par des mauvais signaux, par exemple :
 Appel de l’annulation en justice du projet de zone d’aménagement du Triangle de Gonesse (Val-d’Oise), où doit s’installer le mégacomplexe de loisirs et de commerces EuropaCity.
 Feu vert donné par M. Hulot à la bioraffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône), dont la production de carburant à base notamment d’huile de palme va aggraver la déforestation en Indonésie et en Malaisie.
 Autorisation du Grand Contournement Ouest (GCO) de Strasbourg, projet autoroutier destructeur de biodiversité, malgré les avis négatifs de l’enquête publique et du Conseil national de protection de la nature.

Encore un effort mesdames-messieurs du gouvernement, il faut passer des mots aux actes, c’est là que vous serez ou non crédibles, et tout reste à faire.

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