Comité Écologique Ariégeois

Association départementale agréée de protection de l'environnement en Ariège

La guerre c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. (Paul Valéry- Gallimard - Cahiers)

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vendredi 8 décembre 2017

Les états généraux du pastoralisme

Les réflexions du CEA

Un bien grand mot est utilisé ici pour exprimer la peur des élus, non des ours, mais du monde agricole et de l’élevage qui fait en ce moment beaucoup de bruit pour masquer son désarroi face à un monde de la montagne qui a changé depuis 40 ans.
Évidemment, on ne peut plus, dans certaines estives, conduire les troupeaux comme "à l’époque". Lorsqu’on a eu exterminé presque tous les ours, les loups, les lynx... les prédateurs naturels Pyrénéens.
Et on fait maintenant comme si la réintroduction des plantigrades ou l’avancée des loups dans nos montagnes devenaient l’horreur absolue. C’est juste moins confortable qu’avant les réintroductions, on en est conscient. Mais doit-on pour autant sacrifier la biodiversité naturelle pour ce confort-là ? Une grande majorité des citoyens qui pratiquent la montagne ne le pensent pas. Or, ils ont autant de raisons de préférer une montagne riche et vivante que les éleveurs une montagne anesthésiée. Mais on est d’accord pour travailler à conjuguer les vœux des uns et des autres.
Si les EG du pastoralisme vont vers ce consensus, on applaudira des deux mains.

Alors pourquoi les associations environnementales ont-elles décidé de ne pas participer à cette grand-messe ? C’est le sens du communiqué qu’elles ont publié dans le cadre de Cap Ours dont le CEA fait partie. Et publié ci-dessous.

Coordination Cap Ours - Communiqué du 8 décembre 2017

Les associations environnementales ne participeront pas aux Etats Généraux de l’opposition à l’ours.

Les associations environnementales, y compris celles qui ont été invitées pour donner une illusion d’ouverture, ne participeront pas au simulacre de dialogue baptisé "Etats Généraux du Pastoralisme" organisé samedi 9 décembre par le Conseil Départemental et la Chambre d’Agriculture de l’Ariège...la suite dans le PDF ci-contre.
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Les associations membres de la coordination Cap Ours :
Altaïr Nature, Animal Cross, Association Nature Comminges (ANC), Comité Écologique Ariégeois (CEA), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), Ferus (Groupe Loup France/ARTUS), Fonds d’Intervention Eco-Pastoral – Groupe Ours Pyrénées (FIEP), France Nature Environnement (FNE), France Nature Environnement Hautes Pyrénées (FNE 65), France Nature Environnement Midi- Pyrénées (FNE Midi-Pyrénées), Nature Midi-Pyrénées, Pays de l’Ours-Adet, Société d’Etude de Protection et d’Aménagement de la Nature dans le Sud Ouest – Pyrénées Atlantiques (SEPANSO 64), Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM), Sours, WWF France.


A l’issue de cette journée, nous prenons note qu’ Henri Nayrou regrette notre non-participation (mais nous l’expliquons ci-dessus) et que les diverses instances politiques et administratives souhaitent le consensus. Mais comment y arriver ?
Henri Nayrou dans LDDM : « À l’issue de ces premiers États généraux, je suis satisfait mais pas totalement comblé. Je le répète, je regrette l’absence des associations favorables à la présence de l’ours dans le massif. Car finalement, il n’y a pas eu de contre-argument. Mais surtout, j’aimerais que lors des prochaines rencontres, on puisse inviter des scientifiques et des chercheurs qui nous indiqueraient quelle est la plus-value qu’apporte la présence du plantigrade en termes de biodiversité. Et surtout, la comparer à celle du pastoralisme. »
Si on va dans la case biodiversité, le rôle du pastoralisme risque d’être noté C--- !
C’est ce qu’exprime un naturaliste ci-dessous.


Dans cette même vision, nous vous invitons à lire ce blog qui fait le point sur le pastoralisme dans les Alpes ; cela est transposable sans difficulté aux Pyrénées.
Juste quelques mots ici. Pour la totalité du propos, ouvrez cette page.

En agronomie, les alpages désignent des pelouses de montagne utilisées pour la pâture. En écologie, les pelouses qui poussent à partir de 2 000 à 2 400 mètres d’altitudes s’appellent des pelouses alpines. Celles-ci poussent de façon naturelle, car à cette altitude, le froid empêche les arbres et les buissons de pousser. Jusqu’à environ 3 000 mètres, c’est l’étage «  alpin  ». Le royaume de l’herbe. Mais pas seulement. La richesse botanique y est toute particulière : la potentille blanc de neige, l’adénostyle à feuilles blanches, la gentiane alpine et autres merveilles ne vivent pas plus bas, si ce n’est dans l’arctique.
Cette richesse et le caractère herbacé de ces milieux sont souvent assimilés au «  rôle d’entretien  » par le pâturage. Mais il s’agit d’une idée reçue.

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Le pastoralisme ne ménage pas la montagne. La pelouse naturelle supporte très mal les milliers de moutons. Les fleurs des hauteurs ne sont tout simplement pas faites pour être pâturées ainsi. Consommation, piétinement et déjections entraînent un effondrement du nombre d’espèces végétales. Nombreux sont les botanistes ayant décrit le phénomène. La flore est dévastée, parfois jusqu’à l’érosion des sols. Ravinement et même coulées boueuses : les dégâts au sol n’ont rien à envier à ceux de la culture intensive de plaine. A vrai dire, les grands troupeaux d’ovins raclant les sols de montagne ne relèvent pas tant d’un élevage extensif que d’un élevage intensif… dans la nature.
Une autre conséquence est celle des traitements antiparasitaires des ovins. Les produits biocides se retrouvent dans leurs crottes et empoisonnent les insectes coprophages, eux-mêmes consommés par d’autres animaux. Les troupeaux transmettent aussi leurs maladies aux herbivores sauvages  : pestivirose aux isards des Pyrénées, brucellose aux bouquetins des Alpes… C’est bien dans ce sens qu’a lieu la contamination.

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En résumé
Que deviendrait la montagne sans pastoralisme ? Aux faibles altitudes, landes et forêts remplaceraient spontanément les prairies. Avantage ou désavantage écologique, selon les affinités des espèces. A moins que d’autres formes agricoles apparaissent, qui pourraient maintenir des mosaïques profitant aux différents cortèges floristiques et faunistiques. Quoi qu’il en soit, plus haut, les pelouses alpines délaissées par les moutons seraient en meilleure santé. Plus riches, plus belles. A perte de vue, ces paysages herbacés resteraient herbacés. Ils n’ont pas besoin de brebis pour ça. Sans elles, ils offriraient une plus grande diversité de couleurs, de fleurs, de papillons. Quelques abattoirs fermeraient et la vie sauvage serait mieux préservée. Le pastoralisme est aussi utile à la montagne que l’exploitation forestière à la forêt ou les marins-pêcheurs aux océans.

Alors, comment aller vers un modèle de production agricole qui préserve les derniers espaces naturels que nous offre la montagne tout en générant ailleurs des espaces ruraux qui soient écologiquement riches ?


Un autre éclairage sur le degré d’acceptation des "sauvages" se trouve en Roumanie où il n’est pas rare de côtoyer des ours en pleine ville. Le pays connaît en effet la plus grande population de grands prédateurs d’Europe.
L’histoire du pays permet de comprendre comment une cohabitation s’est peu à peu dessinée entre les Hommes et ces bêtes sauvages. En France, la situation est toute autre. Lire l’article ici

Un film est en train d’être réalisé sur la question. Voici le taiser qui est peu explicite mais bien poétique :


Conclusion du CEA :
En focalisant les politiques de la montagne seulement autour des problématiques économiques (élevage, agroforesterie, hydro-énergie, chasse…) c’est un peu oublier que les citoyens français et notamment citadins, sont attachés à la notion de biodiversité dans la nature et qu’ils sont également attachés à la présence des prédateurs naturels. La montagne n’est pas qu’un réservoir économique pour le « business » ; c’est une des dernières zones où l’humain peut encore ressentir la réalité, la force, l’harmonie de la nature primordiale. On ne doit jamais l’oublier. La montagne, outre le moyen d’existence des populations locales, est un lieu de ressourcement pour tous. Soyons-en respectueux et ouverts aux autres, à tous les autres, animaux compris.
Il n’y a pas l’homme d’un côté, la nature de l’autre. L’homme est nature. ( Pierre Rabhi)

Messages

  • A force d’asséner des phrases-slogans telles que « Si on ne monte plus en estive, alors plus personne ne s’occupe des paysages. On ne crée plus d’emplois et personne ne veut cela », le président de la chambre d’agriculture ne cesse de se disqualifier.
    La nature n’a pas attendu les moutons pour créer ses paysages ! Et c’est quand les troupeaux cesseront de piétiner la pelouse montagnarde que la montagne se révèlera dans toute sa magnificence. Et c’est justement là, qu’on pourra créer des emplois de guides, de défricheurs de chemins, de gardiens de refuges...
    Dans les grands parcs nationaux américains, la nature est livrée à elle-même avec interdiction de prendre ou de modifier quoi que ce soit. Les paysages sont de toute beauté, une beauté naturelle. Et les autochtones ne se plaignent pas de cela, tout au contraire puisqu’ils en vivent grâce à un tourisme énorme mais respectueux. Et pourtant il y a des ours, des chacals, des lynx, etc, à côté des cervidés et autres mustélidés. C’est aussi cela que les touristes apprécient et pas les estives concentrationnaires à bestiaux. Désolé !

    Voir en ligne : L’article de LDDM

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