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vendredi 23 septembre 2016

Triskalia : indemnisation historique de deux salariés victimes de pesticides

Un article Mediapart de Jade Lindgaard

.....Un an plus tard, Laurent essuie un deuxième accident alors qu’il décharge des céréales. Les cargaisons avaient reçu une telle quantité de pesticides qu’elles sont devenues toxiques. Dans le premier cas, le fournisseur avait utilisé un produit interdit (le Nuvan Total). L’employé dit ressentir des brûlures au visage et au cuir chevelu ainsi que des problèmes de respiration. Il en subit toujours les conséquences aujourd’hui, et souffre d’un syndrome d’hypersensibilité multiple aux produits chimiques (MCS). Il se manifeste par des céphalées, nausées, brûlures cutanées, toux, douleurs abdominales et musculaires dès qu’il est en contact avec des produits chimiques, même anodins, comme des produits ménagers....

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Deux anciens salariés du groupe d’agroalimentaire breton obtiennent la première reconnaissance du syndrome d’hypersensibilité aux produits chimiques par un tribunal et reçoivent plus de 100 000 euros chacun d’indemnités.

C’est le couronnement d’une procédure judiciaire pionnière dans la reconnaissance des maladies professionnelles et des souffrances liées aux pesticides. Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc a accordé plus de 100 000 euros d’indemnités à deux anciens salariés du groupe d’agroalimentaire Nutréa-Triskalia. Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, employés jusqu’en 2011 à la réception des matières premières pour NNA, la filiale nutrition animale de Triskalia, ont été chacun victimes de deux accidents du travail ayant entraîné de graves problèmes physiques et psychologiques.

En 2014, ils sont les premiers salariés du monde agricole, non paysans, à faire reconnaître la faute inexcusable de leur employeur dans l’exposition aux pesticides. Le 22 septembre 2016, ils obtiennent la première reconnaissance du syndrome d’hypersensibilité multiple aux produits chimiques (MCS) par un tribunal. « Cette décision est une nouvelle victoire pour Stéphane et Laurent qui mènent maintenant depuis près de sept ans un combat sans relâche pour faire reconnaître leur maladie, exiger réparation et dénoncer le scandale sanitaire et environnemental
que représente aujourd’hui l’utilisation massive et irresponsable des pesticides dans l’industrie agroalimentaire », se réjouit dans un communiqué le syndicat Solidaires, qui soutient les deux hommes. Ces deux décisions de justice braquent la lumière sur le sort des travailleurs de la conservation et de la transformation des produits agroalimentaires, victimes souvent oubliées de l’exposition aux substances chimiques.

Pourquoi ces deux hommes, conducteur installation et conducteur machine polyvalent, ont-ils été en contact avec des produits dangereux ? Ils travaillaient pour l’usine de Plouisy (Côtes-d’Armor) où ils devaient réceptionner des céréales préalablement traitées aux pesticides. Le 8 avril 2009, Laurent Guillou est victime d’un premier accident du travail lors du déchargement de produits traités par la société Eolys (une des trois coopératives ayant fondé le groupe Triskalia en 2010).

Un an plus tard, il essuie un deuxième accident alors qu’il décharge des céréales. Les cargaisons avaient reçu une telle quantité de pesticides qu’elles sont devenues toxiques. Dans le premier cas, le fournisseur avait utilisé un produit interdit (le Nuvan Total). L’employé dit ressentir des brûlures au visage et au cuir chevelu ainsi que des problèmes de respiration. Il en subit toujours les conséquences aujourd’hui, et souffre d’un syndrome d’hypersensibilité multiple aux produits chimiques (MCS). Il se manifeste par des céphalées, nausées, brûlures cutanées, toux, douleurs abdominales et musculaires dès qu’il est en contact avec des produits chimiques, même anodins, comme des produits ménagers.

Il ne peut plus supporter aucune odeur, et évite de sortir, ce qui réduit beaucoup sa vie sociale. Il a dû abandonner la chasse et la pêche, ainsi que l’entraînement d’une équipe de football. La mutuelle sociale agricole (MSA) a reconnu le caractère professionnel de l’accident.

Victime des mêmes accidents, Stéphane Rouxel, connaît les mêmes douleurs physiques que son compagnon d’infortune lorsqu’il est exposé à des produits chimiques. Il souffre lui aussi de MCS. Selon le médecin mandaté pour expertiser son état, « il est actuellement gêné par les produits de nettoyage domestique ». Il quitte peu son domicile et se renferme sur lui-même, « très anxieux et nerveux » selon son épouse. Il souffre de ne plus être capable de travailler et n’a pu terminer son stage de reconversion professionnelle pour des raisons de santé : il était en contact avec des produits détergents. La MSA a également reconnu le caractère professionnel de ses accidents.

Mais ces deux cas ne sont pas isolés. L’inspection du travail a relevé dans l’entreprise en 2009 plusieurs cas de salariés présentant des symptômes graves suite à la réception de blé traité chimiquement. Ces personnes intoxiquées n’avaient été ni informées des risques, ni formées au port des équipements de protection. Entre avril et mai 2009, des salariés sont victimes de graves symptômes à cinq reprises. En 2010, 11 intoxications de salariés sont rapportées entre février et mars. Pour François Lafforgue, avocat de plusieurs anciens salariés de Triskalia, « les conditions de travail étaient déplorables dans cette entreprise dans ces années-là. D’anciens employés ont été obligés de saisir la justice pour obtenir une indemnisation, ce qui n’est pas normal compte tenu du désastre ».

À ses yeux, la prise en charge des salariés intoxiqués devrait être plus simple. Deux autres anciens salariés de la même usine de Triskalia, Pascal Brigant et Claude Le Guyader, n’ont pas réussi à faire reconnaître le caractère professionnel de leur accident. Dans les dossiers de Guillou et Rouxel, le parquet a classé sans suite leur plainte au pénal. Ils se sont depuis constitués partie civile, et un juge d’instruction a été saisi. En mars 2014, un chauffeur-livreur de l’usine de Plouisy a mis fin à ses jours sur son lieu de travail. Chauffeur-livreur d’aliments pour bétail, il avait été victime d’un grave accident du travail deux mois plus tôt en déchargeant des sacs d’aliments médicamenteux destinés aux porcelets.

Le calvaire des personnels de Triskalia mérite d’autant plus l’attention que leur employeur est un géant du secteur agricole breton. Né en 2010 de la fusion de trois coopératives (Coopagri, Eolys et CAM 56), le groupe emploie 4 800 salariés et a réalisé 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014. Il possède 250 magasins (Point vert, Magasin vert) et est connu du grand public au travers de ses marques Paysan breton, Régilait, Mamie Nova, Prince de Bretagne, Ronsard, Planète positive.


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Lettre ouverte contre l’invasion de l’agrochimie dans nos assiettes
Une centaine de chefs cuisiniers, pâtissiers et vignerons français, dont Michel et Sébastien Bras, Yannick Alléno ou encore Thierry Marx, ont signé une «  Lettre ouverte contre l’invasion de l’agrochimie dans nos assiettes  », publiée sur le site d’actualité gastronomique Atabula, dans laquelle ils expriment leurs inquiétudes. Vous pouvez signer vous aussi cette lettre ouverte :ici.


Voir en ligne : Cet article (pour les adhérents Mediapart)


Toutes ces céréales empoisonnées se retrouvent dans la consommation humaine et animale... Les agriculteurs seraient-ils inconscients ou carrément complices d’un génocide sournois mais réel ? Il faudra qu’ils se prononcent clairement devant l’opinion publique à ce sujet...

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